Séraphin Rehbinder
Le phylétisme
Voilà un mot savant qui revient de plus en plus souvent dans les controverses entre orthodoxes. A la vérité, il est souvent employé en tant qu’accusation suprême dans les polémiques et sous-entend que l’adversaire à qui l’on s’adresse est considéré comme quasi hérétique, vocable que l’on a, tout de même, quelque scrupule à utiliser. Paradoxe supplémentaire, ce qualificatif est souvent employé de façon croisée par les partis en controverse.
Ce terme ne nous vient pas de l’Eglise ancienne. Il apparaît surtout au 19ème siècle dans le cadre des disputes entre les Bulgares et le patriarcat de Constantinople qui aboutirent au « schisme bulgare », lequel dura 60 ans, et ne fut surmonté qu’en 1946, par la reconnaissance de l’autocéphalie de l’Eglise de Bulgarie par le Patriarcat de Constantinople.
Note spéciale - Dernière minute du 10 avril 2013 : Le pourvoi en cassation, introduit par l'ACOR a été rejeté. La Cathédrale de Nice est bien la propriété de la Fédération de RUSSIE.
Une décision de justice vient d’être rendue par le Tribunal de Grande Instance compétent, à propos de la propriété de l’Eglise russe de Nice, dédiée à Saint Nicolas. Elle reconnaît le bien- fondé des revendications de l’Etat russe sur ce monument, directement lié à l’histoire de ce pays.
Cette décision va remplir de joie certains, provoquer indignation et rancœur chez d’autres. Et c’est cela qui, pour notre part, nous remplit de tristesse.
L’affaire de l’église Saint-Nicolas montre bien, en effet, tous les nœuds qui se sont malheureusement noués dans les relations de ceux qui sont concernés par la Russie, l’orthodoxie ou l’émigration russe en Europe, de laquelle beaucoup d’entre nous sont issus.
Il n’est pas nécessaire de revenir sur les abominables épreuves subies par le peuple russe, durant une grande partie du siècle dernier, dues aux sanglantes tentatives d’instaurer un paradis sur terre sans, et même contre, Dieu. Ces épreuves sont bien connues de tous.
Pendant toute la durée où s’exerçait le pouvoir soviétique, les choses étaient relativement claires. Il y avait d’un côté les bolcheviques et de l’autre les « réfugiés » chassés de leur pays, mais solidaires du peuple russe souffrant.
"L'union canonique entre l'Eglise Russe Hors Frontières et le Patriarcat de Moscou : Bilan et perspectives deux ans après"
La Table Ronde fut introduite par le président de l’OLTR, Séraphin Rehbinder :
Intervenants :
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Le 26 novembre dernier, la 8e table ronde de l’OLTR accueillait Mgr Marc, archevêque de Berlin et d’Allemagne (Eglise orthodoxe russe hors frontières), et l’higoumène Nestor (Sirotenko), recteur de la cathédrale des Trois Saints Docteurs (Patriarcat de Moscou).
Mgr Marc était venu nous parler du bilan et des perspectives de l’union canonique entre l’EORHF et le Patriarcat, deux ans après ce grand événement vécu dans une immense et inoubliable joie fraternelle par tous ceux qui y ont participé.
Cette rencontre était le prolongement naturel d’une précédente table ronde tenue avec Mgr Marc, la cinquième organisée par l’OLTR, le 13 février 2007 (cf Table ronde n°5 ) et consacrée au développement des relations entre les deux parties. Devant une salle comble, les mises en garde plus ou moins bien intentionnées n’avaient pas manqué. L’auditoire d’alors se souvient sans doute encore de l’ironie avec laquelle Mgr Marc avait répondu à ceux qui l’avertissaient sans trop de circonlocutions que l’Eglise russe Hors frontières allait se faire dévorer : « Nous avons l’habitude de la résistance, et s’il le fallait, nous serions un morceau plutôt dur à croquer ».
Chose remarquable, les mêmes personnes qui prévoyaient généreusement le pire il y a deux ans ne sont pas venues aux nouvelles : il y avait moins de foule l’autre soir, pour questionner Mgr Marc. En y réfléchissant, ce n’est pas étonnant : tout le monde sait bien que les nouvelles sont bonnes. Si elles avaient été mauvaises, la salle aurait été bondée. La nature humaine est ainsi faite et il est difficile de devoir renoncer à ses préjugés.
Que retenir des propos sereins de Mgr Marc et de ses réponses sans détour aux très nombreuses questions posées? Voici quelques éléments significatifs, sans aucune prétention à l’exhaustivité .
- Aucun différend résiduel qui ne soit en cours de résolution, que ce soit à Dresde ou ailleurs.
- Aucune interférence du Patriarcat de Moscou dans la vie de l’Eglise hors frontières, par exemple lors du choix d’un nouveau primat après la mort du regretté Métropolite Lavr, de bienheureuse mémoire, ou la nomination de nouveaux évêques (quatre au total). Bien au contraire, les responsables de l’Eglise hors frontières sont chaleureusement accueillis et intégrés tout naturellement lors de leurs fréquentes visites en Russie. Mgr Marc lui-même a ainsi été désigné pour diriger la commission de contrôle chargée du décompte des voix lors de la récente élection de S.S. le patriarche Kirill de Moscou et de toute la Russie.
- Des concélébrations toujours plus nombreuses, dont les effets bénéfiques sont ressentis en profondeur par tous, au niveau local comme lors des grandes « tournées » d’icônes ou de reliques particulièrement vénérées (N.D. de la racine de Koursk ou, tout récemment, les précieuses reliques des saintes Elisabeth et Varvara), qui déplacent à chaque fois des dizaines, parfois des centaines de milliers de pèlerins. Bouleversés par le spectacle de la ville de Koursk presque tout entière à genoux dans les rues pour accueillir « son » icône, les prélats de l’Eglise hors frontières ont décidé de l’y rapporter désormais tous les ans – eux qui avaient d’abord craint de ne pouvoir la faire « ressortir » de Russie au point d’exiger des garanties écrites…
- Partout, prêtres et fidèles apprennent à mieux se connaître et à travailler ensemble. Multiples exemples de concertation et d’échanges de services mutuels pour les visites de prisons et d’hôpitaux, les fêtes paroissiales, etc.
- Bien sûr, certaines crispations demeurent ici ou là au niveau local, avec parfois, chez certaines personnes, une méfiance solidement enracinée qui retarde ou empêche des décisions de bon sens, comme de réunir deux paroisses trop faibles pour pouvoir à elles seules entretenir un prêtre. Il s’agit le plus souvent de deux ou trois personnes réfractaires au sein d’une paroisse. Même en pareil cas, Mgr Marc, l’a répété, il n’est pas question de forcer quoi ou qui que ce soit pour débloquer telle ou telle situation. L’évolution naturelle des choses se fera par la prière, la patience, la charité chrétienne et cela prendra le temps qu’il faudra.
- En ce qui concerne les déchirements survenus au sein même de l’Eglise hors frontières, surtout en Amérique latine et dans une moindre mesure en Australie, en Amérique et en Russie même, beaucoup de brebis égarées sont revenues, ou en train de revenir. C’est surtout au niveau du clergé et non du peuple que surgissent ces oppositions farouches et certains n’hésitent pas à se mettre hors de l’Eglise. Mgr Marc évalue à environ 10% ces pertes qu’on estimait volontiers au triple il y a deux ans.
Mgr Marc a conclu en nous appelant tous à travailler, chacun à son niveau, au rétablissement d’un esprit de paix et de concorde, le seul qui convienne entre chrétiens de bonne foi et de bonne volonté. Comment ne pas espérer que ce message de sérénité et d’optimisme aura le large écho qu’il mérite, loin des déclarations à l’emporte-pièce…
T.S.
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Message des membres de l’OLTR aux participants à la consultation panorthodoxe du 6 au 13 juin 2009 à Chambésy, en Suisse.
L’OLTR est une association regroupant un certain nombre d’orthodoxes de France et d’Europe occidentale dont le souci commun est le maintien de la tradition russe, à côté d’autres traditions, dans la construction de l’Eglise locale dans leurs pays.
A ce titre, ces orthodoxes se sentent très concernés par les travaux de la commission pré conciliaire qui doit se réunir ä Chambésy le 6 juin. Ils prient pour que la commission puisse avancer dans la recherche d’une solution au problème de « la diaspora » orthodoxe, qui soit juste et conforme à la Sainte Tradition de l’Eglise et ainsi acceptée par tous.
Dans le cadre des rencontres orthodoxes, à la paroisse Saint-Séraphin-de-Sarov et Protection-de-la-Mère-de-Dieu, 91 rue Lecourbe - 75015 Paris était organisée une conférence sur le thème :
Quelques réflexions sur l’avenir de l’Eglise orthodoxe en France et en Europe avant la réunion de la commission pré conciliaire sur l’organisation de la diaspora."
Les désaccords qui existent parmi les orthodoxes de nos pays sur l’avenir de leur Eglise, concernent en réalité le problème de l’ordre ecclésial qui doit régir ce que l’on a pris l’habitude d’appeler « la diaspora » orthodoxe, c’est à dire les populations orthodoxes qui se sont trouvées, par les vicissitudes de l’histoire, dans des pays non orthodoxes. Dans la suite de notre exposé, nous utiliserons ce vocable « diaspora » pour désigner non seulement les immigrés eux-mêmes mais aussi les personnes issues de l’émigration et pleinement assimilées de même que les Occidentaux de souche ayant adhéré à l’Eglise orthodoxe, autrement dit l’ensemble des orthodoxes résidant dans les pays non orthodoxes de tradition.
Nous proposons, ici, un petit reportage de cette très intéressante manifestation. Nous vous proposons d’écouter les interventions enregistrées sur place,
(les fichiers TR7... au format MP3 sont téléchargeables pour une écoute différée, veuillez, toutefois, excuser pour la durée du téléchargement et pour la qualité sonore de l’enregistrement pris en séance):
Ainsi la table ronde a débuté par la prière
et une introdcution du Président de l’OLTR :
écouter :
Le nouveau Patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille est élu !
Cette période où s’exprime dans l’Eglise une attente un peu inquiète mais aussi la confiance dans l’action du Saint Esprit, a maintenant pris fin.
Les membres de l’OLTR souhaitent manifester leur gratitude au concile local de l’Eglise russe d’avoir dignement procédé à l’élection du nouveau primat.
Ils adressent leurs chaleureuses félicitations à toute l’Eglise russe ainsi qu’à sa Sainteté.
L’époque qui s’ouvre ne sera pas plus simple que la précédente et de nombreux défis attendent les chrétiens de Russie dans leur combat pour leur salut et le salut du monde.
La fonction patriarcale sera lourde à porter. Mais nous croyons que le nouveau primat, saura, avec l’aide de Dieu, et porté par la prière du peuple, exercer son ministère pour le bien de la Sainte Eglise, des hommes et à la gloire de Dieu, en Russie comme dans le reste du monde.
Mnogaya leta !
Séraphin Rehbinder
Président de l’OLTR
A l'occasion du 40ème jour du décès du Patriarche Alexis II
Le Patriarche Alexis II et nous.
Le défunt patriarche s'est trouvé investi dans sa fonction à un moment de l'histoire où il fallait soigner les maux engendrés par les méfaits du pouvoir soviétique. Il a mis toute son énergie à le faire, avant tout à l'intérieur de son pays, mais aussi à l'extérieur.