L’Archevêché des Eglises Russes en Europe Occidentale, qui s’est placé sous « la protection canonique provisoire du Patriarcat de Constantinople » s’est trouvée en conflit juridique avec l’Etat russe au sujet de la propriété de la Cathédrale russe de Nice.
A cette occasion, les dirigeants de l’association cultuelle de la cathédrale diffusent un certain nombre d’affirmations au nom des « Russes Blancs » et de leurs descendants. Ces derniers seraient, dans leur grande majorité, scandalisés par les positions de la Russie. Par ailleurs, les revendications de ce pays seraient honteuses, car elles émanent des héritiers des assassins du Tsar Nicolas II, qui avait fait construire la cathédrale.
Les membres de l’OLTR, association qui regroupe des orthodoxes de nos pays, attachés au maintien, sur le plan local, de l’orthodoxie de tradition russe, déplorent de telles affirmations. Ces accusations témoignent du refus de leurs auteurs d’accepter l’évolution de l’histoire en n'acceptant pas les changements profonds qui ont marqué la Russie depuis plus de quinze ans. Les restes présumés de la famille impériale, massacrée par les bolcheviques, ont été solennellement réintégrés, par l’Etat, dans la nécropole des monarques russes.
Un avant et un après. Pour tous ceux qui ont eu la joie de participer aux cérémonies entourant la signature, le 17 mai dernier à Moscou, de l'Acte de réunion canonique entre le Patriarcat de Moscou et l'Eglise orthodoxe russe hors frontières, la cause est entendue. Un élan de foi et de joie presque indicible a tout emporté sur son passage, balayant les derniers résidus éventuels de réticence et laissant les cœurs purifiés par ces jours d'intense prière commune. C'est le cadeau qu'ont reçu tous les participants à cette réconciliation historique. D'où qu'ils soient venus, tous en sont repartis touchés en profondeur, à un moment ou un autre, par ce rayon céleste, épuisés mais remplis d'énergie et d'espoir. [...]
La semaine prochaine aura lieu, comme tous les trois ans, l’assemblée générale de l’Archevêché. La vie cet organisme a connu, depuis sa dernière assemblée générale, une évolution qui apparaît comme inquiétante à bien des égards pour beaucoup d’orthodoxes vivant en France. De fait, le destin de ce corps ecclésial ne peut laisser indifférents les orthodoxes de ce pays.
En effet, son fondateur, le Métropolite Euloge, avait su lui insuffler un certain nombre de principes et de traditions qui en faisait un élément de stabilité et d’équilibre dans le monde de l’orthodoxie en Europe. Ce hiérarque avait un attachement particulier pour la liberté de l’Église et dans l’Église. Il a su apprécier l’indépendance, vis à vis du pouvoir politique, qu’offrait la France à toutes les organisations religieuses, situées sur son sol. Mais, plus encore, il avait fait prévaloir une liberté fondamentale au sein de son diocèse. Toutes formes d’opinions ou d’actions y avaient droit de cité. Si le Métropolite savait parfaitement discerner les faiblesses de chaque initiative, il savait également apprécier ses aspects positifs et ses mérites. Son esprit de liberté, sans laquelle il ne concevait pas la vie de l’Église, allait jusqu’à laisser librement s’éloigner de son diocèse, certes avec regret, mais sans aucune mesure coercitive, les paroisses qui, pour une raison ou une autre, choisissaient de le faire. Il avait conscience, en effet, de ce que la situation en diaspora était un phénomène nouveau et que le consensus de l’Église n’avait pas encore donné une solution définitive aux problèmes qu’elle soulevait dans le monde orthodoxe. Cette liberté fondamentale qui régnait dans le diocèse a toujours été, dans le passé, une caractéristique majeure et exceptionnelle de cet Archevêché.
Tous les orthodoxes qui attendent l’unification de l’Eglise orthodoxe en Europe de l’Ouest, connaissent l’Assemblée des Evêques orthodoxes de France (AEOF). Cette institution représente en effet une première manifestation visible de la volonté commune de progresser vers la suppression des diverses « juridictions » existantes sur le même territoire, dont la superposition est si peu conforme aux canons de l’Eglise. Du reste, Sa Sainteté le Patriarche Bartholomé ne manque pas une occasion de féliciter les orthodoxes de France de l’existence de l’AEOF.
Mais méritons-nous vraiment de tels compliments ?
Cette assemblée existe depuis plus de quinze ans, mais malgré tous les souhaits, aucun progrès réel n’a véritablement été fait en direction d’une organisation de notre Eglise conforme aux canons et à la tradition orthodoxe. Nous polluons toujours le message d’amour, d’espoir et de reconnaissance, pour notre salut, qui est celui de l’Evangile que nous voulons annoncer, par la triste réalité de nos divisions juridictionnelles
Pouvons nous nous résigner à la situation présente ? Existe-il des voies et moyens que nous pourrions explorer et suggérer à nos hiérarques et nos Eglises-mères pour essayer de sortir d’une si scandaleuse situation ?
Verbatim de l'intervention à la 5e Table Ronde de l’OLTR
le mardi 13 février 2007, Paris
Le texte fourni ici est une transcription effectuée à partir d’un enregistrement sur cassette. Les lecteurs, nous l’espérons, excuseront les inévitables imperfections et imprécisions.
La publication de tout ou partie de ce document doit obligatoirement être accompagnée d’une référence :
©http://www.oltr.fr et Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
©d traduction père Alexandre (Siniakov) pour la communication, Nikita Krivochéine pour les questions/réponses.
Le 17 mai prochain,jour de l’Ascension de Notre Seigneur, des millions de cœurs orthodoxes fidèles à la tradition russe vont pouvoir battre à l’unisson dans la joie.
Les retrouvailles canoniques du Patriarcat de Moscou et de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières vont marquer une première étape fondamentale dans la reconstitution de ce corps spirituel amputé par la tragédie révolutionnaire, l’Eglise Russe, notre mère si longtemps ensanglantée et martyrisée. Il est permis d’espérer que ce rapprochement, qui constitue la réponse de l’EORHF à la lettre du Patriarche Alexis II d’avril 2003, va se poursuivre et s’approfondir, avec des conséquences bénéfiques, en Russie comme au-dehors. Le 13 février prochain, la cinquième table ronde de l’OLTR aura pour invité Mgr Marc, Archevêque de Berlin et d’Allemagne (EORHF), qui a conduit les négociations pour son Eglise. [...]
Communiqué spécial - “Publication de l’Acte de communion canonique”
A propos de la publication de l’acte de communion canonique entre le Patriarcat de Moscou et l’Eglise Russe Hors Frontière
Le Patriarcat de Moscou et l’Église Orthodoxe Russe Hors frontières viennent de publier l’Acte de communion canonique qui doit être prochainement signé par les représentants des deux Eglises.
On ne peut que se réjouir et remercier le Seigneur qui a rendu possible ces efforts de réconciliations. On doit rendre hommage aux hiérarques qui ont initié, d’abord des contacts fraternels, et ensuite un rapprochement rétablissant la communion eucharistique, sur des fondements de respect mutuel, et de reconnaissance des spécificités de chacun.
Appel à la sagesse pour surmonter les tensions.
L’OLTR observe avec inquiétude et consternation les évènements qui secouent l’Orthodoxie en Europe occidentale depuis quelques mois et qui marquent un recul sensible de l’espoir de voir émerger une Église locale, fondée sur le principe territorial, dans nos pays.
Un évêque demande à changer de patriarcat car il estime impossible de faire cohabiter dans un même diocèse, celui qu’il dirige, des personnes d’origine ethnique différentes. Certes accepter la différence, supporter les disputes et les oppositions est souvent difficile. Mais cela autorise-t-il à fractionner l’Église « une et indivisible » en groupes de vision, de sensibilité ou d’origines ethniques différentes ?