Editorial de Septembre 2013 - Quel avenir pour l'Archevêché ?

La crise que traverse l’Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale s’avère de plus en plus féconde. En effet, les fidèles s’aperçoivent, peu à peu, que le véritable problème sous- jacent à cette crise n’est pas tant le choix des candidats à la succession de l’archevêque démissionnaire, que la place de cette entité ecclésiale dans l’Eglise. Pétris de théologie de l’Eucharistie, les fidèles sont persuadés que, chaque fois qu’ils célèbrent la liturgie eucharistique en commun, ils « sont » l’Eglise. Et, ils ont parfaitement raison de penser cela. Mais, il faut aussi avoir conscience qu’il existe des liturgies célébrées par des clercs schismatiques, voire hérétiques. Pour être dans l’Eglise, il faut donc, que la liturgie célébrée le soit en communion avec toute l’Eglise et cette communion passe par l’épiscopat. Les évêques sont responsables les uns des autres et attestent l’orthodoxie, l’appartenance à l’Eglise de chacun d’entre eux.

Cette solidarité se manifeste au niveau de chaque Eglise territoriale autocéphale.

 L’archevêché est, à l’origine, un diocèse de l’Eglise russe. A cause du pouvoir bolchevique, violemment antireligieux, il s’est provisoirement détaché de cette Eglise pour rejoindre celle de Constantinople, qui l’a laissé tel qu’il était, en attendant la normalisation de la situation de l’Eglise russe. Il en est résultée une situation qui était perçue, non pas comme une appartenance à l’Eglise de Constantinople, mais comme une simple « protection » de la part de Constantinople. Ce qui, pensait-on, donnait une grande liberté à l’Archevêché.

Mais, l’on sent bien, maintenant, qu’aux yeux du synode des évêques de l’Eglise de Constantinople, à partir du moment où l’archevêché renonce à son statut provisoire en refusant de revenir dans le patriarcat de Moscou [1], il doit trouver une place plus stable dans l’Eglise. Le Patriarcat de Constantinople semble hésiter sur cette place. A cet égard, le fait que ce soit maintenant sa commission qui s’occupe des autres Eglises orthodoxes qui traite le dossier, et non pas celle des diocèses, comme ce fut le cas jusqu’à présent, pose question.

Ce sont les modalités de cette stabilisation qui sont en cours d’élaboration, ce qui complique l’élection de l ‘« Archevêque » dont le statut futur est encore à préciser.

Il est dommage que tous ces problèmes ne soient pas posés, publiquement et explicitement, devant les orthodoxes de nos pays, même si le dernier mot appartient, évidemment, au synode de Constantinople.

S Rehbinder

Septembre 2013


[1] Ce qu’il aurait dû faire en toute rigueur canonique car c’est la seule solution qui respecterait pleinement les canons dans les circonstances actuelles.

 

 

 

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