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O L T R
MOUVEMENT POUR UNE ORTHODOXIE LOCALE
DE TRADITION RUSSE en Europe occidentale
“ Nous avons transmis la foi, l’espoir et l’amour du Seigneur à nos jeunes et aux natifs d’Occident...
Mais nous ne pouvons vivre que parce que nos racines demeurent dans la Sainte Russie. ”

Editorial de Mars 2014 - La Tête du Corps ecclésial - Vérité Orthodoxe

La visite à Paris du Patriarche de Constantinople

 

Récemment, Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée a rendu visite à son nouvel exarque en la cathédrale Saint Alexandre Nevsky, à Paris.

 

A cet égard, il est intéressant de se référer aux paroles prononcées lors du Te Deum afin d’essayer de comprendre quelle est la place canonique de l’Archevêché, aux yeux de l’Eglise de Constantinople.

 

A plusieurs reprises, il a été affirmé que l’Eglise de Constantinople était l’ « Eglise-mère » de l’Archevêché. Que cela veut-il dire exactement?

 

 

En général, cette expression est employée pour désigner l’Eglise qui, ayant envoyé des missionnaires dans une contrée voisine, y a porté l’évangile et, au bout d’une longue période, a considéré que la nouvelle Eglise, née de ses soins, était suffisamment développée, qu’elle n’avait plus besoin de tuteur et pouvait vivre par elle-même (être autocéphale).

Comme l’Archevêché n’est pas une Eglise (autocéphale), mais un diocèse de l’Eglise russe qui a dû se résoudre à demander, après la révolution, la protection du Patriarcat de Constantinople à cause des persécutions de l’époque, cette acception commune ne peut pas s’appliquer à lui.

Toutefois, Constantinople étant incontestablement l’Eglise-mère de l’Eglise russe, on peut considérer qu’elle est aussi Eglise-mère de l’Archevêché, celui-ci étant historiquement un diocèse particulier de l’Eglise russe . Il serait alors juste d’inviter l’Eglise russe à se préoccuper aussi du sort de ce diocèse en vertu des bonnes relations qui doivent exister entre les Eglises autocéphales.

Ou alors, cela indique-t-il que, dans la lignée de ses errements précédents, on doit considérer que l’Archevêché est une entité indépendante, seulement protégée par le patriarcat de Constantinople ?

 

En tout état de cause, il serait souhaitable de préciser le sens de cette expression et la place canonique de l’exarchat à l’intérieur (ou à l’extérieur) de l’Eglise de Constantinople.

 

Il est également souhaitable d’éviter des expressions hautement ambigües dans la description des caractéristiques de l’Archevêché. Citons par exemple ce qui a été prononcé lors du discours de bienvenue au Patriarche : « le…privilège que représente le fait d’être en lien avec le premier siège de l’Église orthodoxe, avec la tête du corps ecclésial, ». Quelle est au juste la signification de cette phrase ? « La tête du corps ecclésial » serait-elle le patriarche de Constantinople ? Bien sûr que non ! tous les orthodoxes savent que la tête du corps ecclésial est le Christ lui- même, selon l’enseignement de Saint Paul : « Il est la tête du corps de l'Église » (Col., 1, 18) et par référence à la tradition des Pères qui enseignent que l’Eglise est le corps du Christ. La phrase citée est, au mieux, une expression maladroite, mais au pire c’est le début d’une déviation grave, celle-là même qui a entrainé le schisme de 1054. Si chez les catholiques, l’appartenance à l’Eglise se définit par la fidélité à la foi du Pape de Rome, chez les orthodoxes, elle se définit par la confession de la Vérité, de la vraie foi, dont personne ne peut s’attribuer, seul, la définition. Et aucun primat d’Eglise n’est à l’abri du risque d’hérésie, fût-il le premier.

On a entendu, récemment, d’autres phrases également contestables dans la bouche de certains hiérarques de l’Eglise de Constantinople. Le Métropolite de Prousse a, par exemple, déclaré que le premier parmi les primats des Églises orthodoxes autocéphales dispose de pouvoirs exceptionnels, le faisant « premier sans égaux » (« primus sine paribus ) alors que la formule traditionnelle est justement « primus inter pares » (premier parmi des égaux).

Il est, sans doute, utile de rappeler que le deuxième rang, par l’honneur (après celui de Rome), fut accordé au siège de Constantinople en raison expresse de la présence de l’empereur dans cette ville (concile de Chalcédoine, canon 28).

Le père Alexandre Schmemann a déjà expliqué que l’orthodoxie a tendance à nier l’histoire (1). Il faut aussi éviter de la tordre pour créer des prétendues traditions de toutes pièces.

Nous devons donc prier pour que la foi orthodoxe se maintienne sans altérations dans toutes les Eglises autocéphales et que le Seigneur nous préserve de nouveaux schismes.

 

Séraphin Rehbinder

 

 mars 2014 - Jour de la Fête de l'Orthodoxie

 

(1) « Tout changement de situation, c’est-à-dire l’histoire elle-même, entraîne chez les orthodoxes une réflexion extrêmement négative, qui aboutit, en fin de compte, à un refus du changement, à sa réduction au mal, à la tentation, à un assaut du démon. » Cette phrase est tirée de la réflexion du père Alexandre sur ce sujet crucial qui figure dans son journal à la date du Samedi 19 janvier 1974 et dont je conseille la lecture intégrale.

 

 

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