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O L T R
MOUVEMENT POUR UNE ORTHODOXIE LOCALE
DE TRADITION RUSSE en Europe occidentale
“ Nous avons transmis la foi, l’espoir et l’amour du Seigneur à nos jeunes et aux natifs d’Occident...
Mais nous ne pouvons vivre que parce que nos racines demeurent dans la Sainte Russie. ”

Editorial de Mai 2017 - L'Institut de Théologie Orthodoxe Saint Serge

ITOIl y a quelques jours, le président de l'association Institut Saint Serge a annoncé dans une interview que l'institut allait déménager dans de nouveaux locaux. Si ce projet, peut-être rationnel sur le plan économique, se réalise il donnera naissance à une école de théologie, sans doute continuatrice de l'institut, mais qui ne sera plus l'institut de théologie Saint Serge, «  Serguievskoye podvorie ». Celui-ci est en effet trop lié à la colline où il fut créé en 1925 pour pouvoir déménager sans changer de nature.

 L'enseignement qui y était donné n'était pas seulement théorique et académique. La présence d'une très belle église, d'un chœur traditionnel, de maîtres exceptionnels en faisait un lieu où l'on s'imprégnait non seulement de théologie, mais aussi, où l'on se mettait à aimer (et connaitre) les offices, où l'on apprenait la prière et la vie chrétienne. Et si l'institut quitte la colline que deviendra celle-ci avec son église historique ?

La situation matérielle de l'institut a toujours été précaire et difficile. Une crise mettant en danger l'existence même de l'institut éclata dans les années quatre-vingts. A l'époque, certains défendirent aussi le déménagement de l'institut. Il fut proposé de l'installer à Montgeron où l'orphelinat venait d'être fermé. Mais il apparut vite que ce serait tenter de sauver le patrimoine de Montgeron aux dépens de l'Institut.

Il se trouva, alors, des orthodoxes énergiques et convaincus de l'importance de la mission de l'institut qui lancèrent une large campagne financière tendant à multiplier le nombre de donateurs modestes mais réguliers (au moyen de virements mensuels). Cette campagne connut un réel succès. Les sommes recueillies par ces moyens ont représenté plus de la moitié du budget annuel de l'institut, pendant de longues années (et ce sont les restes des réserves constituées, alors, qui ont récemment été détournés par une brebis égarée).

Pourrait-on rééditer un tel exploit ? Il faudrait le tenter pour le savoir. Mais il faut bien l'avouer, les circonstances ont bien changées. D'abord la grande période créatrice de l'institut s'éloigne et devient plus de l'histoire que de l'actualité. Elle était due au rassemblement à Paris de la fine fleur des philosophes et théologiens chassés de Russie par la révolution. Tous ces hommes remarquables pouvaient, en outre, travailler en toute liberté.

Et surtout, l'Eglise russe a été libérée de la pression insoutenable et tragique du pouvoir soviétique. De ce fait, la mission principale de cette entité ecclésiale que l'on appelle l'Archevêché, qui était de répondre aux besoins spirituels des émigrés et de témoigner, en occident, de l'orthodoxie et des persécutions subies par l'Eglise russe, est maintenant partagée avec beaucoup d'autres. Par ailleurs, il faut bien le constater, les descendants des émigrés de la première heure ont été progressivement « assimilés ». Beaucoup ont perdu l'attachement à leurs racines et nombreux sont ceux qui n'ont pas gardé vivante la foi de leurs pères. Et cette dernière perte n'est, bien sûr, pas à la gloire de l'Archevêché.

 Qu'un endroit comme la colline de Saint Serge perde son âme serait très douloureux pour tous ceux qui sont encore attachés à l'histoire et aux valeurs de « l'émigration » dont la plus fondamentale est l'orthodoxie.

 Mais il est une contrée où ces « reliques » ne sont pas oubliées, c'est en Russie, qui a manifesté à plusieurs occasions qu'elle souhaitait maintenant considérer cet héritage comme aussi le sien. C'est, bien entendu, le résultat des efforts de réexamen des séquelles de la révolution et des tentatives de réconciliation après des années de haine. Bien sûr, tout le monde n'est pas d'accord, en Russie, sur le rejet des « acquits » de la période soviétique et sur la réhabilitation de ses victimes. Ce qui est plus étonnant, c'est que, chez nous, aussi, certains s'opposent vivement à cette réconciliation, notamment sur le plan ecclésial.

 Le Patriarcat de Moscou a pourtant amplement montré qu'il n'avait aucune velléité de domination. L'accord signé avec l'Eglise orthodoxe russe hors frontières a laissé une large autonomie à cette dernière. Plus près de nous, l'état russe a versé une somme importante à la mairie de Sainte Geneviève des Bois simplement pour éviter que des tombes dont les familles ont disparu ne soient reprises et cela afin de conserver ce haut lieu de l'émigration.

 Une collaboration avec L'Archevêché autour de Saint Serge était souhaitée par le patriarcat de Moscou. Mais l'attitude, systématiquement hostile, qu'il a rencontrée a fini par décourager les meilleures volontés.

Peut-être serait-il temps de se rendre compte que cette composante ecclésiale ne peut pas vivre dans l'indépendance de toute l'organisation canonique de l'Eglise orthodoxe comme le souhaitent certains. On a déjà vu à quelles dérives cela peut conduire. Il faudrait explorer de nouveau les voies d'un rapprochement avec le patriarcat de Moscou.

 Seraphin Rehbinder

Président de l'OLTR

Mai 2017

 

 

 

 

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