Dans cette tribune, nous publions les réflexions, contributions, lettres ouvertes, courriers, réactions «sur le vif» des membres de l’OLTR ou les documents que l’OLTR a choisi de porter de tous ceux qui seraient interessés par le débat suscité par l’OLTR.
Le point de vue des auteurs peut ne pas correspondre à celui de l’OLTR.
Note spéciale - Dernière minute du 10 avril 2013 : Le pourvoi en cassation, introduit par l'ACOR a été rejeté. La Cathédrale de Nice est bien la propriété de la Fédération de RUSSIE.
Une décision de justice vient d’être rendue par le Tribunal de Grande Instance compétent, à propos de la propriété de l’Eglise russe de Nice, dédiée à Saint Nicolas. Elle reconnaît le bien- fondé des revendications de l’Etat russe sur ce monument, directement lié à l’histoire de ce pays.
Cette décision va remplir de joie certains, provoquer indignation et rancœur chez d’autres. Et c’est cela qui, pour notre part, nous remplit de tristesse.
L’affaire de l’église Saint-Nicolas montre bien, en effet, tous les nœuds qui se sont malheureusement noués dans les relations de ceux qui sont concernés par la Russie, l’orthodoxie ou l’émigration russe en Europe, de laquelle beaucoup d’entre nous sont issus.
Il n’est pas nécessaire de revenir sur les abominables épreuves subies par le peuple russe, durant une grande partie du siècle dernier, dues aux sanglantes tentatives d’instaurer un paradis sur terre sans, et même contre, Dieu. Ces épreuves sont bien connues de tous.
Pendant toute la durée où s’exerçait le pouvoir soviétique, les choses étaient relativement claires. Il y avait d’un côté les bolcheviques et de l’autre les « réfugiés » chassés de leur pays, mais solidaires du peuple russe souffrant.
Dans le cadre des rencontres orthodoxes, à la paroisse Saint-Séraphin-de-Sarov et Protection-de-la-Mère-de-Dieu, 91 rue Lecourbe - 75015 Paris était organisée une conférence sur le thème :
Quelques réflexions sur l’avenir de l’Eglise orthodoxe en France et en Europe avant la réunion de la commission pré conciliaire sur l’organisation de la diaspora."
Les désaccords qui existent parmi les orthodoxes de nos pays sur l’avenir de leur Eglise, concernent en réalité le problème de l’ordre ecclésial qui doit régir ce que l’on a pris l’habitude d’appeler « la diaspora » orthodoxe, c’est à dire les populations orthodoxes qui se sont trouvées, par les vicissitudes de l’histoire, dans des pays non orthodoxes. Dans la suite de notre exposé, nous utiliserons ce vocable « diaspora » pour désigner non seulement les immigrés eux-mêmes mais aussi les personnes issues de l’émigration et pleinement assimilées de même que les Occidentaux de souche ayant adhéré à l’Eglise orthodoxe, autrement dit l’ensemble des orthodoxes résidant dans les pays non orthodoxes de tradition.
La semaine prochaine aura lieu, comme tous les trois ans, l’assemblée générale de l’Archevêché. La vie cet organisme a connu, depuis sa dernière assemblée générale, une évolution qui apparaît comme inquiétante à bien des égards pour beaucoup d’orthodoxes vivant en France. De fait, le destin de ce corps ecclésial ne peut laisser indifférents les orthodoxes de ce pays.
En effet, son fondateur, le Métropolite Euloge, avait su lui insuffler un certain nombre de principes et de traditions qui en faisait un élément de stabilité et d’équilibre dans le monde de l’orthodoxie en Europe. Ce hiérarque avait un attachement particulier pour la liberté de l’Église et dans l’Église. Il a su apprécier l’indépendance, vis à vis du pouvoir politique, qu’offrait la France à toutes les organisations religieuses, situées sur son sol. Mais, plus encore, il avait fait prévaloir une liberté fondamentale au sein de son diocèse. Toutes formes d’opinions ou d’actions y avaient droit de cité. Si le Métropolite savait parfaitement discerner les faiblesses de chaque initiative, il savait également apprécier ses aspects positifs et ses mérites. Son esprit de liberté, sans laquelle il ne concevait pas la vie de l’Église, allait jusqu’à laisser librement s’éloigner de son diocèse, certes avec regret, mais sans aucune mesure coercitive, les paroisses qui, pour une raison ou une autre, choisissaient de le faire. Il avait conscience, en effet, de ce que la situation en diaspora était un phénomène nouveau et que le consensus de l’Église n’avait pas encore donné une solution définitive aux problèmes qu’elle soulevait dans le monde orthodoxe. Cette liberté fondamentale qui régnait dans le diocèse a toujours été, dans le passé, une caractéristique majeure et exceptionnelle de cet Archevêché.
Tous les orthodoxes qui attendent l’unification de l’Eglise orthodoxe en Europe de l’Ouest, connaissent l’Assemblée des Evêques orthodoxes de France (AEOF). Cette institution représente en effet une première manifestation visible de la volonté commune de progresser vers la suppression des diverses « juridictions » existantes sur le même territoire, dont la superposition est si peu conforme aux canons de l’Eglise. Du reste, Sa Sainteté le Patriarche Bartholomé ne manque pas une occasion de féliciter les orthodoxes de France de l’existence de l’AEOF.
Mais méritons-nous vraiment de tels compliments ?
Cette assemblée existe depuis plus de quinze ans, mais malgré tous les souhaits, aucun progrès réel n’a véritablement été fait en direction d’une organisation de notre Eglise conforme aux canons et à la tradition orthodoxe. Nous polluons toujours le message d’amour, d’espoir et de reconnaissance, pour notre salut, qui est celui de l’Evangile que nous voulons annoncer, par la triste réalité de nos divisions juridictionnelles
Pouvons nous nous résigner à la situation présente ? Existe-il des voies et moyens que nous pourrions explorer et suggérer à nos hiérarques et nos Eglises-mères pour essayer de sortir d’une si scandaleuse situation ?