A l’origine de l’OLTR – l’appel historique adressé le 1er avril 2003 par le Primat de l’Eglise russe, Sa Sainteté Alexis II, Patriarche de Moscou et de toute la Russie aux évêques, membres du clergé et fidèles des paroisses de tradition russe en Europe Occidentale.
Voir également:
L'OLTR a pris connaissance d'un texte rédigé par Patrick le Carvese, un membre de la chorale de la Paroisse Notre-Dame-Joie-des-Affligés et Sainte-Geneviève (Paris), rue Saint Victor.
Ce texte est une réflexion très intéressante sur le chant des fidèles au cours des offices orthodoxes. Ce texte, datant de mai 2012, n'a, en fait, jamais été publié. Et l'OLTR a ouvert son site pour le faire connaître.
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A propos du chant des fidèles au cours des offices orthodoxes
Au cours d'une assemblée générale de ma paroisse en 2012, l'un des participants a morigéné ceux qui, sans y avoir été invités, chantent en même temps que le chœur au cours des offices, en ajoutant que cette attitude le gênait dans sa propre prière. Cette remarque aurait été banale si elle avait été formulée par un chef de chœur épris d'ordre, ou même par un choriste déçu que sa belle voix soit polluée par un importun. En fait, elle venait d'un paroissien ne faisant pas partie du chœur et n'étant pas à ma connaissance intéressé par une telle perspective, ce qui finalement donnait beaucoup plus de poids à son intervention. Elle a pris encore plus de relief lorsque dès le lendemain, au cours d'un colloque de musique liturgique, ce fut au tour d'un fidèle – catholique, lui – de se plaindre de l'impossibilité, dans un office orthodoxe, de chanter lorsque l'on n'est pas membre du chœur !
On parle beaucoup du concile de Moscou ces temps-ci car on vit, actuellement, son centenaire.
Ce fut un évènement fondamental pour l'Eglise russe. Elle était, en effet, mise sous tutelle de l'Etat depuis Pierre le Grand et fonctionnait comme une administration dirigée par un fonctionnaire ayant rang de ministre (« l'Oberprocureur »). Bien que l'Etat fût orthodoxe, cette situation était profondément anormale et pesait lourdement sur la vie de l'Eglise. L'empereur en était conscient et était acquis à l'idée qu'un concile devait avoir lieu, mais il pensait qu'il fallait attendre des jours meilleurs. Il avait, du reste, autorisé la longue et minutieuse préparation du concile, commencée en 1905. Ce fut, d'ailleurs, une époque de renouveau de la théologie en Russie.
Il y a quelques jours, le président de l'association Institut Saint Serge a annoncé dans une interview que l'institut allait déménager dans de nouveaux locaux. Si ce projet, peut-être rationnel sur le plan économique, se réalise il donnera naissance à une école de théologie, sans doute continuatrice de l'institut, mais qui ne sera plus l'institut de théologie Saint Serge, « Serguievskoye podvorie ». Celui-ci est en effet trop lié à la colline où il fut créé en 1925 pour pouvoir déménager sans changer de nature.
Dimanche dernier, le 4 décembre 2016, Jour de la Fête de la Présentation de la Vierge au temple, fut une journée faste, celle de la dédicace d'une nouvelle cathédrale orthodoxe, la Cathédrale de la Sainte Trinité, à Paris. C'est un évènement rare dont nous avons tout lieu de nous réjouir.
Tout d'abord, parce qu'il fut placé sous le signe de la beauté, beauté de la nouvelle église, beauté des chants, beauté de la cérémonie.
Voilà six mois qu'un nouvel archevêque et exarque du Patriarcat de Constantinople a été intronisé à la tête de l'Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale. Nous sommes heureux que, grâce à ses charismes, un certain calme apparent soit revenu après plusieurs années fort agitées.
Mais nous regrettons amèrement que, comme son prédécesseur Mgr Gabriel, le nouvel archevêque n'écoute qu'une partie de ses ouailles, celle qui considère que si ses parents et grands-parents ont gardé et entretenu les églises construites en Europe par des Russes, ils l'ont fait pour se les approprier. Et il n'écoute pas ceux qui considèrent qu'eux-mêmes, leurs parents et grands-parents ont défendu ces églises russes contre le pouvoir soviétique persécuteur de la foi, non pour se les approprier, mais pour les faire vivre et les remettre à l'Eglise russe maintenant qu'elle n'est plus opprimée, à l'image de la parabole des talents, voire celle des vignerons.
L'OLTR avait proposé l'éditorial de 2016: "Le Concile orthodoxe de 2016" . Suite aux derniers événements en lien avec ce concile, Séraphin Rehbinder propose une réflexion sur ce sujet.
Réactions au grand concile panorthodoxe
Parmi les réactions aux épreuves que traverse la préparation du grand concile panorthodoxe, il en est qui essayent de les expliquer par des raisons tout à fait extérieures à notre foi. A vrai dire, je n’apprécie pas cette façon de considérer l’Eglise comme un groupe d’éléments quasi étatiques qui nous est extérieur et dont on peut analyser la géopolitique. Je n’aime pas cette attitude car nous sommes membres de l’Eglise du Christ que nous aimons et en laquelle nous croyons.
Le problème des relations entre l'Eglise et l'Etat est un problème toujours d'actualité, que chaque génération doit affronter et résoudre dans les conditions de son temps.
Dans la France actuelle, ce problème est marqué, pour nous, par deux facteurs. D'une part, depuis la révolution de 1789, il existe une sourde opposition entre l'Eglise et l'Etat et l'on en voit actuellement des manifestations multiples (interdictions de crèches de Noël, répression anormalement sévère contre les opposants au mariage homosexuel, attaques contre des prélats sur fond de pédophilie de quelques prêtres, par ailleurs inadmissible, etc.). D'autre part, il faut bien voir que les orthodoxes ne sont pas assez nombreux pour que se pose quelque problème que ce soit dans leur relation avec l'Etat.
Il résulte de ces deux facteurs qu'en général, les orthodoxes vivant en France considèrent qu'il ne doit y avoir aucune interférence entre l'Eglise et L'Etat et que, si l'on s'en tient à ce principe, il n'y a plus de problème. Ils ont tendance à en faire un principe intangible.
Par le communiqué du 20 février 2016, nous avons appris que le conflit entre cette entité d'une part, et la fédération de Russie et le patriarcat de Moscou d'autre part, entrait dans une nouvelle phase.
Nous sommes, bien entendu, atterrés par cette nouvelle.
Le mot même de « concile » évoque, pour tous les orthodoxes, les sept conciles œcuméniques qui ont condamné les hérésies et formulé la foi orthodoxe dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. Ils étaient convoqués par l'empereur, rassemblaient les évêques de toute « l'oikoumène », « la terre habitée », afin de résoudre des conflits théologiques mettant en danger l'unité de la foi et donc, celle de l'empire. Disons-le tout de suite le concile prévu n'a rien à voir avec les conciles œcuméniques car les circonstances historiques ont changé.
Un certain nombre de membres de l’Archevêché est animé du désir de trouver, enfin, un sens à l’existence actuelle de l’Archevêché des Églises Orthodoxes Russes en Europe Occidentale (Exarchat du Patriarcat de Constantinople) et des raisons de lui être attaché et de défendre la poursuite de son existence dans sa forme actuelle. Cette démarche est tout à fait légitime et peut être féconde. Mais il ne faut pas se dissimuler qu’elle puisse, aussi, être spirituellement dangereuse.