"L'union canonique entre l'Eglise Russe Hors Frontières et le Patriarcat de Moscou : Bilan et perspectives deux ans après"
La Table Ronde fut introduite par le président de l’OLTR, Séraphin Rehbinder :
Intervenants :
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Le 26 novembre dernier, la 8e table ronde de l’OLTR accueillait Mgr Marc, archevêque de Berlin et d’Allemagne (Eglise orthodoxe russe hors frontières), et l’higoumène Nestor (Sirotenko), recteur de la cathédrale des Trois Saints Docteurs (Patriarcat de Moscou).
Mgr Marc était venu nous parler du bilan et des perspectives de l’union canonique entre l’EORHF et le Patriarcat, deux ans après ce grand événement vécu dans une immense et inoubliable joie fraternelle par tous ceux qui y ont participé.
Cette rencontre était le prolongement naturel d’une précédente table ronde tenue avec Mgr Marc, la cinquième organisée par l’OLTR, le 13 février 2007 (cf Table ronde n°5 ) et consacrée au développement des relations entre les deux parties. Devant une salle comble, les mises en garde plus ou moins bien intentionnées n’avaient pas manqué. L’auditoire d’alors se souvient sans doute encore de l’ironie avec laquelle Mgr Marc avait répondu à ceux qui l’avertissaient sans trop de circonlocutions que l’Eglise russe Hors frontières allait se faire dévorer : « Nous avons l’habitude de la résistance, et s’il le fallait, nous serions un morceau plutôt dur à croquer ».
Chose remarquable, les mêmes personnes qui prévoyaient généreusement le pire il y a deux ans ne sont pas venues aux nouvelles : il y avait moins de foule l’autre soir, pour questionner Mgr Marc. En y réfléchissant, ce n’est pas étonnant : tout le monde sait bien que les nouvelles sont bonnes. Si elles avaient été mauvaises, la salle aurait été bondée. La nature humaine est ainsi faite et il est difficile de devoir renoncer à ses préjugés.
Que retenir des propos sereins de Mgr Marc et de ses réponses sans détour aux très nombreuses questions posées? Voici quelques éléments significatifs, sans aucune prétention à l’exhaustivité .
- Aucun différend résiduel qui ne soit en cours de résolution, que ce soit à Dresde ou ailleurs.
- Aucune interférence du Patriarcat de Moscou dans la vie de l’Eglise hors frontières, par exemple lors du choix d’un nouveau primat après la mort du regretté Métropolite Lavr, de bienheureuse mémoire, ou la nomination de nouveaux évêques (quatre au total). Bien au contraire, les responsables de l’Eglise hors frontières sont chaleureusement accueillis et intégrés tout naturellement lors de leurs fréquentes visites en Russie. Mgr Marc lui-même a ainsi été désigné pour diriger la commission de contrôle chargée du décompte des voix lors de la récente élection de S.S. le patriarche Kirill de Moscou et de toute la Russie.
- Des concélébrations toujours plus nombreuses, dont les effets bénéfiques sont ressentis en profondeur par tous, au niveau local comme lors des grandes « tournées » d’icônes ou de reliques particulièrement vénérées (N.D. de la racine de Koursk ou, tout récemment, les précieuses reliques des saintes Elisabeth et Varvara), qui déplacent à chaque fois des dizaines, parfois des centaines de milliers de pèlerins. Bouleversés par le spectacle de la ville de Koursk presque tout entière à genoux dans les rues pour accueillir « son » icône, les prélats de l’Eglise hors frontières ont décidé de l’y rapporter désormais tous les ans – eux qui avaient d’abord craint de ne pouvoir la faire « ressortir » de Russie au point d’exiger des garanties écrites…
- Partout, prêtres et fidèles apprennent à mieux se connaître et à travailler ensemble. Multiples exemples de concertation et d’échanges de services mutuels pour les visites de prisons et d’hôpitaux, les fêtes paroissiales, etc.
- Bien sûr, certaines crispations demeurent ici ou là au niveau local, avec parfois, chez certaines personnes, une méfiance solidement enracinée qui retarde ou empêche des décisions de bon sens, comme de réunir deux paroisses trop faibles pour pouvoir à elles seules entretenir un prêtre. Il s’agit le plus souvent de deux ou trois personnes réfractaires au sein d’une paroisse. Même en pareil cas, Mgr Marc, l’a répété, il n’est pas question de forcer quoi ou qui que ce soit pour débloquer telle ou telle situation. L’évolution naturelle des choses se fera par la prière, la patience, la charité chrétienne et cela prendra le temps qu’il faudra.
- En ce qui concerne les déchirements survenus au sein même de l’Eglise hors frontières, surtout en Amérique latine et dans une moindre mesure en Australie, en Amérique et en Russie même, beaucoup de brebis égarées sont revenues, ou en train de revenir. C’est surtout au niveau du clergé et non du peuple que surgissent ces oppositions farouches et certains n’hésitent pas à se mettre hors de l’Eglise. Mgr Marc évalue à environ 10% ces pertes qu’on estimait volontiers au triple il y a deux ans.
Mgr Marc a conclu en nous appelant tous à travailler, chacun à son niveau, au rétablissement d’un esprit de paix et de concorde, le seul qui convienne entre chrétiens de bonne foi et de bonne volonté. Comment ne pas espérer que ce message de sérénité et d’optimisme aura le large écho qu’il mérite, loin des déclarations à l’emporte-pièce…
T.S.
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