Serge Schmemann
Tout d'abord, je vous remercie de m'avoir invité pour vous parler de notre expérience américaine.
Le week-end dernier, j'ai pris part à une conférence à Londres et notre groupe a débattu de la question suivante : qui sont les Russes - font-ils partie de l'occident ou bien de l'orient? Et j'ai compris que cette question ne se posait pas seulement ici, chez nous, mais également chez eux! qui sommes-nous? A quelle entité appartenons-nous?
Malheureusement je ne détiens pas la réponse. Mais peut-être que quelque chose de notre expérience américaine pourra aider à trouver la réponse.
Je commencerai par un bref rappel historique de l'orthodoxie en Amérique.
Cette histoire commence avec l'arrivée de huit missionnaires venant du monastère de Valamo en 1794. L'Eglise s'implanta peu à peu à travers les Etats Unis, surtout en raison de l'arrivée d'un grand nombre d'immigrants.
Didier Vilanova
Tout d’abord, je tiens à préciser que ce n’est pas en tant que secrétaire général de la Fraternité Orthodoxe que je m’exprimerai, mais en mon nom propre, et mes propos ne sont que le reflet de mon expérience personnelle.
Je suis entré il y a plus de 25 ans dans l’Eglise orthodoxe, au sein de notre archevêché : je suis ce que l’on appelle dans notre jargon un «français de souche», un converti. Depuis une vingtaine d’années, je suis chef de chœur à la paroisse de la Sainte-Trinité qui célèbre dans la crypte de la cathédrale. Membre de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale, j’en suis le secrétaire général depuis 4 ans. C’est d’ailleurs au sein de la Fraternité que j’ai d’abord pu réfléchir à cette fameuse «Église locale», une Église autonome, responsable et indépendante pour l’Occident. J’ai aussi fait parti de la commission Avenir de l’archevêché qui avait été mise en place par feu l’archevêque Serge et qui a rendu son avis, peu avant son décès.
Séraphin Rehbinder
Mes révérends Pères, Mesdames, Messieurs, mes chers amis,
Pour commencer, je voudrais rappeler que la seule forme d’organisation de l’Eglise en un lieu donné, conforme aux canons, c'est-à-dire à notre foi elle-même, est celle de l’église locale, avec un Primat et un seul évêque dans chaque région. "La Sainte Eglise ne connaît pas d'autre organisation" disait déjà le Métropolite Wladimir, en 1949, dans sa lettre, écrite au nom l'assemblée diocésaine et envoyée à tous les orthodoxes se trouvant en Europe occidentale. Avant d’examiner comment il serait possible de construire l’église locale dans cette partie de l'Europe, je voudrais réfléchir avec vous à ce qu’est, et n’est pas, toute église, sur le plan de son fonctionnement.
Une église n’est pas une monarchie, ou une dictature, dans laquelle le Primat, une fois désigné par ses pairs, serait le chef. Aidé d’un synode, c'est-à-dire d’un organisme composé d’un certain nombre des principaux évêques, qui serait le «gouvernement», il dirigerait son église au travers de «préfets» appelés évêques, placés à la tête de circonscriptions, les diocèses. Une telle description de l'organisation ecclésiale pourrait paraître caricaturale, et pourtant… ces travers existent dans bien des églises autocéphales, cela s’appelle du cléricalisme. C’est une déviation par laquelle les «clercs» s’attribuent tout le «pouvoir» dans une église qui fonctionne comme un Etat.
Ci-après - la saisie de l’enregistrement des discussions qui ont suivi les exposés lors de la Table Ronde du 25 avril 2004.
Les débats étaient modérés par Victor Loupan.