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O L T R
MOUVEMENT POUR UNE ORTHODOXIE LOCALE
DE TRADITION RUSSE en Europe occidentale
“ Nous avons transmis la foi, l’espoir et l’amour du Seigneur à nos jeunes et aux natifs d’Occident...
Mais nous ne pouvons vivre que parce que nos racines demeurent dans la Sainte Russie. ”

Table ronde n°3 - Le débat

Ci-après - la saisie de l’enregistrement des discussions qui ont suivi les exposés lors de la Table Ronde.
Les débats étaient modérés par Victor Loupan.

Emilie van Taack

J’appartiens à la paroisse de la rue Pétel des Trois Saints Hiérarques et à la paroisse de l’institut Saint Serge.
Je voudrais faire une allusion à la question des statuts associatifs.
Il semble que les statuts reprennent les statuts associatifs qui ont été établis par la loi française en 1901 et 1905, bien que l’archevêché ait été créé en 1924, il ignore complètement, et ses statuts ignorent aussi, l’arrêté du conseil d’état de 1923 qui a légalisé les associations diocésaines civiles, qui ont été créées par la loi française sous la pression de l’église catholique qui voulait garder sa structure canonique propre. Donc ces associations assument pleinement la gestion juridique et financière des diocèses sans interférer aucunement dans la structure canonique de l’église. Je ne vois pas pourquoi l’église orthodoxe continuerait d’être transformée de l’intérieur par la loi française et d’être la seule à le faire alors qu’elle pourrait parfaitement garder sa structure canonique tout en étant en parfaite conformité avec la loi française.
Et la deuxième chose, je suis très heureuse d’avoir entendu ces exposés, et je pense que c’est tout à fait clair pour tout le monde que les statuts tels qu’ils nous ont été proposés maintenant ne peuvent en aucun cas constituer la métropole future, comme c’est un diocèse et cela n’a rien à voir avec une métropole et je crois que maintenant que c’est clair pour tout le monde.


V. Loupan

Est-ce que quelqu’un veut répondre ?


Basile de Tiesenhausen

Tout d’abord je dirai à Mme Van Taack que je ne connais pas les lois auxquelles elle fait référence et donc je ne vais pas me hasarder sur ce terrain, et sur la deuxième partie qui dit : « ce dont on nous a parlé ne correspond à rien de ce qui peut nous intéresser », je ne suis pas tout à fait d’accord. Je pense qu’il y a eu quelque chose de très important qui a été engagé sur le plan des idées, sur le plan des principes et sur le plan des investigations. Cela a été fait dans un contexte, et je l’ai dit, très ponctuel, qui était celui de l’archevêché et du patriarcat de Moscou. Aujourd’hui ce contexte ne semble plus avoir le même périmètre, si on peut dire à deux titres : le premier c’est parce qu’il y a des discussions entre le patriarcat de Moscou et l’Eglise Hors-Frontières, et le deuxième parce que les instances dirigeantes de l’archevêché n’ont semble-t-il pas éprouvé une approbation particulière de cette chose là, donc la configuration, le périmètre change dans les deux sens mais je crois que maintenant l’idée est acquise, les principes sont acquis et la chose que j’ai dite et que je répète c’est que l’église russe semble être acquise à un certain nombre d’avancées qui n’étaient pas évidentes il y a encore quelques années.


Père Sabbas

Oui, juste pour re-préciser qu’effectivement nous avons un statut de type diocésain qui a été transposé à une métropole et c’est le problème, et Mgr Basile l’a également souligné, la seule chose c’est que nous avons très visiblement un travail progressif : il y a eu donc des intervenants de l’archevêché-exarchat, ou du patriarcat de Moscou qui ont travaillé ensemble, ils ont fait comme première étape d’établir des statuts qui offriraient, disons, suffisamment de garanties à l’archevêché-exarchat, transformée en cette métropole, d’avoir une certaine auto administration, l’étape suivante, je pense, aurait dû être de rendre ces statuts plus conformes à ce que devrait être une métropole. C’est une étape intermédiaire, ce n’est pas un brouillon, mais quelque part si également. J’essayais de le souligner dans mon exposé, peut-être que je n’ai pas été assez clair.


Oleg Lavroff

Juste avant la réunion on m’a montré un petit papier, une communication de l’archevêché, du conseil, je ne vais pas revenir sur le détail parce qu’il faut le relire pour bien réfléchir sur ce qui a été dit, mais il y a une phrase qui a attiré mon attention et qui m’a fait plaisir, c’est que finalement depuis l’élection de Mgr Gabriel on reconnaît enfin qu’il y a deux tendances, deux pensées dans notre archevêché, chose qui n’a jamais dite et avait été niée jusqu’à présent. C’est la première chose que je voulais dire et dans cette foulée, je voudrais dire qu’il serait peut-être bon maintenant qu’on a entendu l’exposé sur les statuts, que peut être l’OLTR pourrait organiser, créer une commission qui étudierait, disons, en invitant à participer dans cette commission tous les archevêchés, les différentes juridictions et établir effectivement un projet de statut. Alors ces statuts là devraient être étudiés sous une forme informelle, c’est-à-dire nous ne sommes pas une entité reconnue canoniquement etc…, mais on devrait préparer un travail fondamental avec la participation des archevêchés, et ensuite soumettre ce travail aux instances, aux différentes juridictions, qui elles à ce moment là, dans leur cadre prendraient des décisions : est-ce que effectivement ce qui a été élaboré dans la commission est correct ou pas, et par contre, ce que je voudrais, je souhaiterais c’est que si cette commission est créée, qu’elle soit créée d’une manière informelle par l’OLTR et que l’OLTR serait donc membre d’office de cette commission, et que notre archevêché y envoie également des représentants ; parce que les représentants du conseil actuel de notre archevêché devraient être partie prenante de ces statuts et ensuite, une fois que les statuts seront élaborés et qu’ils semblent convenir, après notre archevêché pourrait prendre ses décisions et dire effectivement cela nous convient, cela ne nous convient pas, etc… mais ils doivent participer dans ce travail d’élaboration.


Père Stéphane (Headley, prêtre de la paroisse de Vézelay)

J’ai une question à court terme, la présentation a été très claire on voit où on doit en venir au niveau des réflexions canoniques, mais je me demande comment désamorcer, dans les douze mois qui viennent, une volonté de confrontation. Car cela existe involontairement, souvent, cela crée, je n’ai pas besoin de vous le dire, d’immenses blessures dans les familles, dans les paroisses, et cela jette un discrédit général sur l’église orthodoxe en France, parce que les gens apprennent des bribes de choses, dont ils ne comprennent rien mais qui souvent semble indiquer un très grand manque de fraternité et tant que la confiance, dans une réelle écoute ne revient pas entre les fidèles, entre les prêtres, entre les évêques, personnellement je ne vois pas comment avancer sur ces questions canoniques qui sont finalement freinées comme l’évêque Basile l’a si bien déploré par des rivalités qui ne peuvent que nous détruire. On est si faible, on a besoin de tous les chrétiens orthodoxes de bonne volonté d’Europe occidentale et on a besoin de la bénédiction de Dieu.


B. de Tiesenhausen

Oui, je suis très touché par l’appel, parce que je crois qu’il s’agit bien d’un appel du Père Stéphane. Et je crois qu’un premier élément de réponse serait qu’il y ait tout d’abord un constat et que ce constat soit accepté qu’il y a divers courants de pensées et que la deuxième étape quand ce constat est admis, c’est d’admettre le dialogue. Or, je crois que l’une des sources des problèmes qui existent actuellement, auxquels vous faisiez délicatement allusion, était que les gens qui constatent qu’il n’y a pas de dialogue, qu’on ne les écoute pas et que je ne dirai pas qu’on leur apporte des réponses à leurs questions, mais qu’on ne les écoute pas, ils se radicalisent et ils posent leurs problèmes d’une façon « plus forte ». Je crois donc qu’il faut lancer un appel : admettre les choses et admettre le dialogue et quand on l’aura admis, d’organiser le dialogue.


V. Gousseff

Je dirais là-dessus que nous avons une excellente occasion pour parvenir à cette fin, nous avons dimanche prochain, le dimanche du pardon et donc on pourrait quand même se pardonner les uns les autres, cela serait très bien.


Elisabeth Starynkévitch

Je voudrais vous poser une question à tous et aux prêtres en général, actuellement comme vous dites il y a une dissension dans l’église orthodoxe, mais actuellement également dans notre archevêché il n’y a qu’un seul bord qui a été élu au conseil diocésain, pour qu’il y ait ce dialogue et cette compréhension pour déjà fabriquer une nouvelle église, à votre avis est-ce que c’est possible qu’on fasse moitié-moitié, qu’il y ait les deux bords qui soient représentés, que ce soit au sein même de l’archevêché qu’on discute de ces problèmes avec l’archevêque et non en dehors de l’archevêché, des laïcs comme nous. Merci.


Séraphin Rehbinder

Je crois que, effectivement, je relie ce que tu viens de dire Elisabeth à ce que disait Oleg (Lavroff), je vois quelque chose de très positif dans la mise au point que le conseil de l’archevêché a bien voulu faire au sujet de textes que j’ai écrit pour présenter les statuts, et ce point très positif c’est que le conseil de l’archevêché a reconnu qu’il y avait deux courants de pensée et ce depuis longtemps dans l’archevêché.
Il présente ce fait en disant que l’OLTR veut en quelque sorte accaparer l’héritage de Mgr Serge pour elle toute seule. Je crois que c’est une mauvaise compréhension du problème que veut poser l’OLTR, elle voudrait justement que l’archevêché, en premier lieu, et je reviendrai sur le second lieu, puisse conserver son unité, c’est-à-dire qu’il n’y ait pas un parti qui domine la direction de l’archevêché, et que la discussion se passe de l’intérieur vers l’extérieur, mais qu’elle puisse se passer à l’intérieur de l’archevêché, cela a toujours été la principale demande de l’OLTR. Le deuxième lieu dont je voulais parler c’est que l’OLTR va au-delà de l’unité dans l’archevêché, elle rêve de l’unité de l’orthodoxie en Europe occidentale, de l’orthodoxie institutionnelle, d’une unité institutionnelle plutôt de l’orthodoxie, et c’est pour cela qu’elle proposait comme étape intermédiaire de réunir les gens qui ont quelque chose à voir avec une histoire russe, ce n’est qu’une étape d’ailleurs mais ce serait déjà beaucoup, et je ne pense pas qu’il faille interpréter cela comme une allégeance à Moscou, c’était l’objectif de l’OLTR, je le dis et je le répète pour tout le monde ici c’était de réunir et de construire la réunion à partir de ce qui nous paraissait être le plus facile à réunir.


B. de Tiesenhausen

Je voudrais rajouter quelque chose, c’est peut-être un peu présomptueux, mais je voudrais qu’il y ait peut être davantage d’amour dans les relations. Le Président se félicitait du papier de la mise au point de l’administration diocésaine, où il voit des tas de choses positives, et je suis partiellement d’accord avec lui mais je pense que la forme qui est employée, les amalgames manifestement erronés d’un certain nombre de dates et d’un certain nombre de documents ne poussent pas à cette rencontre et je crois, je pense que c’est vrai, il faut davantage d’amour entre eux.


Didier Vilanova

Je voudrais poser une question aux membres du patriarcat de Moscou qui sont là, des fidèles, des prêtres et même des évêques : pourquoi ces statuts de future métropole ne sont-ils pas déjà appliqués par exemple dans la constitution d’une métropole qui contiendrait le diocèse de Souroge, je ne sais plus le nom du diocèse de France, la Belgique, pourquoi le patriarcat de Moscou ne teste-t-il pas son affaire cela sur des diocèses qui existent déjà ? Pourquoi ne les érige-t-il pas en métropole ?


S. Rehbinder

Bien que la question ne me soit pas posée, je voudrais, parce que je pense qu’il est peut-être délicat pour les représentants du patriarcat de Moscou de répondre à cette question maintenant. Je voudrais dire que justement les événements qui se sont passés ont amené le patriarcat de Moscou à discuter avec nous, mais aussi avec beaucoup de membres de ses diocèses en Europe occidentale, de la possibilité ou de l’impossibilité de créer une métropole telle que celle dont nous parlons aujourd’hui. Et le sens même de l’intervention de Mgr Basile, c’est qu’il défend la création de cette métropole, nonobstant toutes les oppositions qu’elle a pu provoquer dans d’autres juridictions comme dans l’archevêché, ou peut-être, mais beaucoup moins sans doute dans l’Eglise russe Hors-Frontières.


Père Sabbas

Il y a aussi une chose, c’est qu’il faut voir que le projet qui vous a été présenté a été très largement initié dans l’exarchat, ça c’était une première étape. Maintenant quel sera le développement de ce projet, nous allons bien le voir.

D. Vilanova

Initié par qui ?

Père Sabbas

Il y a eu un dialogue entre l’archevêque Serge et les représentants du patriarcat de Moscou qui a été initié dans l’exarchat. Voilà, c’était la première étape de l’existence de ce projet, qu’est-ce qu’il y aura ensuite, effectivement nous allons bien le voir. Il y a aussi un élément qu’on ne peut pas négliger, c’est qu’il y a actuellement un travail de dialogue avec l’Eglise Hors-Frontières qui a également des églises sur le territoire d’Europe occidentale. On ne peut pas l’exclure de ce problème là, il y a donc aussi ce paramètre.


Père Stéphane

Je parle sous le contrôle de l’évêque Basile qui va me contredire si je dis quelque chose d’inexact, parce que pour répondre à Didier Vilanova le fonctionnement du diocèse de Souroge a été revu il y a longtemps par un travail canonique intérieur mais n’est pas Mgr Antoine avec des conseillers comme l’évêque Basile et a donné lieu à des statuts complets qui ont été discutés avec le Père Jean Gueit le Père Fortunatto à un des derniers congrès de la Frat., et ils sont très bien connus du patriarche de Moscou qui dit officieusement ce sont vos statuts, appliquez-les vivez-les nous ne sommes pas encore mûrs pour les appliquer dans les diocèses à l’intérieur de notre patriarcat, mais ils serviront de modèles pour des diocèses dans des futures métropoles. Cela ne date pas d’hier, l’évêque Basile peut nous donner les dates exactes.


Mgr Basile

Je voulais seulement dire que le projet d’une métropole était très cher au métropolite Antoine et quand il a lu la lettre du patriarche il a dit : « Enfin ! Nous avons cette idée biblique ».


Père Nestor (église des Trois Saints-Hiérarques, diocèse de Chersonèse, PM en France)

Je voudrais exactement répondre à votre question, quand vous avez dit « Pourquoi ces statuts ne sont pas encore appliqués ? » Et bien parce qu’il s’agit dans notre cas d’un petit diocèse qui vit selon le statut officiel de l’église russe et ce n’est pas comparable avec ce grand projet de réunification de toutes les branches de l’émigration russe. Nous n’avons pas besoin, nous de vivre avec ce nouveau statut. Je pense que c’est assez clair, nous avons quelques paroisses, en France, mais il s’agit maintenant de cette grande nouvelle idée de réunir tout cet héritage spirituel qui nous reste.


Michel Milkovitch

Je suis d’origine serbe et bien que siégeant au conseil paroissial de Saint Serge je suis assez proche aussi bien de la paroisse serbe de Paris que du diocèse, et de l’évêque Mgr Luka qui est un ancien camarade de classe, enfin de Saint Serge. Il ne m’a pas demandé de faire quelque communication que ce soit, mais personne ne m’a interdit et ne peut m’interdire de donner mon sentiment de ce que je peux apercevoir du côté serbe, puisque c’est aussi l’une des parties prenantes de la réalité ecclésiale orthodoxe, ici en France, en Europe occidentale. Je crois que je peux dire que l’église serbe regarde avec un certain étonnement si ce n’est pas plus, de voir comment les divisions russes peuvent encore persister. Alors que dans beaucoup d’autres églises elles ont déjà été abolies depuis bien longtemps, pratiquement tout de suite, dès que le communisme s’est effondré, les églises locales de Roumanie et de Serbie et d’ailleurs, même la Bulgarie qui a connu une histoire encore plus mouvementée que les autres est sur la bonne voie de retrouver une vraie paix, alors que les Russes n’y arrivent pas. On nous parle ici d’un scandale devant les non orthodoxes, les divisions des orthodoxes, je dois dire que c’est même ici un peu un scandale devant les orthodoxes, pas seulement devant les autres. Et je pense que l’église serbe et, si je ne me trompe pas l’église roumaine aussi, verraient tout à fait d’un très bon œil que les dissensions au sein de l’église russe, enfin que les juridictions russes cessent un jour d’exister et ils considéreraient que ce serait un très grand pas vers l’établissement d’une vraie société orthodoxe, ici en Occident, et vers la fondation d’un église locale car toute contrée est appelée à devenir une église locale. Bon je ne rentrerai pas dans les considérations de l’absence chronique tout au long de toute l’histoire et de la réticence constantinopolitaine justement à l’égard de ce genre de projet.


Serge Maltseff (paroisse de Saint Alexandre Nevsky)

Je voulais simplement répondre à Monsieur Vilanova. La question que vous avez posée c’est « pourquoi l’expérience de la métropole n’a pas été tentée dans les archevêchés du patriarcat de Moscou en Europe occidentale ? ». Je pense personnellement que la raison pour laquelle cela n’a pas été fait c’est que la métropole en soi n’est qu’un moyen, l’objectif recherché était de mettre fin aux querelles juridictionnelles issues des églises de tradition russe en Europe, la métropole était un moyen d’y arriver et c’est cela la raison, je pense.


Georges von Rosenschild-Paulyn

Je remercie Mgr Basile d’être intervenu, je voudrais poser une question dans une perspective à plus long terme. Je suis très optimiste, la métropole et toutes les aspérités seront réglées, la perspective de l’organisation par rapport aux autres églises par exemple roumaine, serbe, etc… est-ce qu’à ce moment là, la métropole si j’ai bien suivi le développement du Père Sabbas avec lequel j’ai des liens de famille qui ne sont pas inconnus, est-ce que la métropole c’est pas la réunion de diocèses, en Europe occidentale, vous avez parlé de l’aspect régional, est-ce que pour la métropole il y aura des diocèses qui s’enchevêtreront géographiquement ou est-ce qu’il faudra redéfinir la carte des diocèses pour qu’il n’y ait pas d’enchevêtrement géographique, c’est juste un aspect purement pratique.


Père Sabbas

Il y a deux aspects, le premier est effectivement très simple c’est que si cette métropole se fait avec le patriarcat de Moscou à l’exclusion des autres juridictions serbes, grecques, roumaines il faudra très certainement redéfinir des frontières peut être qu’il faudrait réduire un diocèse aux frontières de la France, en faire un pour l’Italie, enfin au sein de cette métropole il ne pourrait pas y avoir d’enchevêtrement des frontières diocésaines. En ce qui concerne les autres juridictions comme cela a été souligné plusieurs fois aujourd’hui, quelque part cela pourrait être un exemple, cela pourrait comme le Président Séraphin Rehbinder l’a évoqué dans un des communiqués de l’OLTR, c’est que si toutes les autres juridictions créaient cette même structure, après, simplement on pourrait les coller les unes sur les autres. Voilà je crois que j’ai répondu à la question.


V. Loupan

Père Sabbas souhaiterait répondre à une intervention antérieure.


Père Sabbas

Il y a un problème concernant les objectifs de cette métropole, je ne crois pas qu’on puisse dire que le seul but était la réunion des juridictions, c’était un des buts, mais le métropolite Cyrille de Smolensk l’a souligné dans son interview publiée au début du mois de novembre 2004 que le principe de cette métropole correspond également à un principe d’action du patriarcat de Moscou, Mgr Basile l’a également souligné dans son exposé. Cet aspect là ne doit pas être négligé. Maintenant, concernant les statuts de la métropole en tant que telle, bien sûr que l’archevêché-exarchat, s’il avait voulu ou s’il le voudra, aurait eu beaucoup à apporter : sa riche expérience, le trésor qui a été déposé en son sein après le concile de 17-18 et le départ de l’émigration, il aurait pu le rapporter, cette force, cette capacité qu’il a de posséder ces statuts de 17-18, de les appliquer même si c’est bien sûr avec un certain nombre de points très discutables, il y a certains points par lesquels l’archevêché-exarchat s’éloigne un petit peu des décisions de 17-18, néanmoins cet aspect là ne pouvait pas être négligé dans la première étape du projet de cette métropole, maintenant ce que va devenir ce projet, nous allons le voir.


Père Nicolas Rehbinder

Je voudrais tout d’abord remercier Mgr Basile d’être venu à cette assemblée, et je partage avec lui la douleur de ne pas pouvoir obtenir pour le moment encore pour nos tables rondes une bénédiction facile de nos archevêques et de nos évêques qui sont ici. Ce n’est pas par défaut de l’avoir demandée. Maintenant, après ces exposés que j’ai trouvé très productifs, comment aller plus loin, quels sont les pas concrets que nous pouvons faire pour avancer pour cette réunion et pour la création de cette métropole ? Par moment je suis un peu dans le flou, je ne vois pas du tout comment on peut avancer. Peut être que le père Nicolas (Balashov) qui est là pourrait donner quelques pistes…. Je ne sais pas, enfin, ça c’est la première partie.
La deuxième partie de ma question c’est que je voudrais reprendre ce qu’a dit le Père Stéphane, c’est que nous devons plus collaborer entre les archevêchés : archevêché du patriarcat de Moscou, l’archevêché russe du patriarcat de Constantinople, dans des exemples concrets. Je vis avec beaucoup de douleur ce qui s’est passé pour l’église de Biarritz que je connais bien. Je ne peux pas comprendre que les deux évêques responsables des prêtres qui sont à Biarritz maintenant, puisqu’il y en a deux, ne collaborent pas pour cette question, je ne vois pas comment une église orthodoxe ne peut pas régler une question qui se pose avec autant de difficulté, je ne vois qu’une solution c’est que les deux archevêques, et je voudrais les appeler à faire cela, se rencontrent, discutent de la question aillent ensemble dans le lieu où il y a un problème pour essayer, devant tous les paroissiens qui sont bien sûr dans la douleur, régler cette question.


Père Nicolas Balashov

(chef du secrétariat pour les relations avec les Églises orthodoxes du Département des Relations extérieures du Patriarcat de Moscou).
L’intervention était prononcée en russe avec une interprétation consécutive du moine Sabbas

Je suis très reconnaissant d’avoir pu participer à cette table ronde qui n’était pas vraiment planifiée dans mon séjour en France. J’étais en France pour la quatrième session des discussions entre l’Eglise Hors-frontières et le Patriarcat de Moscou, et il s’est avéré qu’un jour après se tenait cette table ronde.
Je dois remarquer que ce dialogue [entre l’Eglise Hors-frontières et le Patriarcat de Moscou] se développe avec succès, il donne des résultats, et il n’y a aucun doute dans le fait que les résultats finaux de ce dialogue auront une implication sur l’avenir de l’Orthodoxie Russe en Europe Occidentale.
Auparavant, je pensais que les relations entre l’Exarchat et l’Eglise Russe se développeraient beaucoup plus rapidement et mieux qu’avec l’Eglise Hors-frontières, car cela fait quand même longtemps que nous sommes en communion eucharistique, mais l’histoire a parfois des aléas inattendus.
Je ne peux pas vraiment donner de réponse à la question du père Nicolas Rehbinder, quels seront les pas suivants, quelle sera la suite, car ce n’est pas ma mission ici en France, et je suis convaincu également que la réponse à cette question ne peut être trouvée que par ceux qui vivent ici.
A la question : pourquoi le Patriarcat de Moscou ne crée-t-il pas cette Métropole à partir de ses propres diocèses en Europe Occidentale, je dois dire qu’il y a une composante pastorale dans la réponse à cette question. Car, en très grande partie pour le moment, les membres du diocèse de notre Patriarcat en Europe Occidentale sont des gens qui viennent d’arriver en Europe Occidentale, de Russie ou plus largement – des pays de la CEI. Pour ces personnes qui viennent de quitter leur pays, l’Eglise est en quelque sorte un lien avec leur patrie et ils ne demandent cette autonomie qu'en dernier lieu. Ils vivront ici encore cinq, dix, vingt ans, ils vont avoir des enfants, ces personnes là se considéreront comme des personnes complètement différentes. C’est un processus naturel qu’on ne peut pas ignorer, on ne peut pas ne pas en tenir compte.
C’est pour cela que quand nous réfléchissions et travaillions sur ce projet, nous comprenions que, aussi bien pour la hiérarchie de Moscou que pour une très grande partie de notre troupeau ici, en Europe Occidentale, la création de cette entité ayant une très grande autonomie, à défaut d’un lien plus fort avec l’Eglise Russe, avec l’Eglise de Moscou, aurait été un petit peu, quelque part, un sacrifice. Nous comprenions, par exemple que pour nos évêques en Europe Occidentale, il était quelque part beaucoup plus simple d’être liés directement au Patriarche, au trône patriarcal de Moscou, que par l’intermédiaire d'un métropolite. Nous comprenions que pour beaucoup de membres de notre clergé en Europe Occidentale, qui majoritairement viennent de Russie ou de la CEI, il était quelque part beaucoup plus pratique d’être directement liés à Moscou que par un métropolite local qui ne serait pas forcément né en Russie ou citoyen de Russie. Et aussi bien Sa Sainteté le Patriarche que les membres de notre Synode avaient pleinement conscience qu’une telle décision n’entraînerait pas nécessairement la joie de tous les membres de notre troupeau ecclésial.
Mais pourquoi donc alors Sa Sainteté le Patriarche a-t-il écrit cette missive du 1er avril, pourquoi les membres du Saint Synode ont-ils entériné cette décision, pourquoi est-ce que nous avons travaillé sur ces statuts – statuts qui ne sont pas parfaits, comme l’ont souligné Mgr Basile et le père Sabbas – mais qui reflètent le degré jusqu’auquel nous étions prêts à aller ? Parce que la hiérarchie ecclésiale de l’Eglise Russe, comprend très bien que c’est sur cette voie là que se trouve l’avenir. Comme l’a souligné de façon très juste Mgr Basile, cela fait partie de la politique ecclésiale de l’Eglise Russe.
Depuis le début des années soixante du vingtième siècle, les délégations du Patriarcat de Moscou aux assemblées préconciliaires, aux commissions préconciliaires, ont souligné que nous voyions l’avenir de l’Eglise en Europe Occidentale et en Amérique du Nord dans la donation de plus d’autonomie à ces entités.
Les conditions d’aujourd’hui, les circonstances actuelles sont quelques peu différentes de celles dans lesquelles le Patriarche Alexis a écrit sa lettre et dans lesquelles a été effectué le travail sur ces statuts. Mais, personnellement, je reste intimement convaincu de la grande importance, comme cela a été dit, de ce geste prophétique de sa Sainteté le Patriarche. Et je suis profondément, intimement convaincu que l’Europe Occidentale aura sa propre Eglise locale. Mais nous ne devons pas aller vers la création de cette Eglise locale en faisant du mal aux gens, en écrasant les gens, pour la gloire d’une grande idée. Cela ne pourra être qu’une Eglise telle que chaque Orthodoxe se sentira comme chez lui, à la maison, que seront profondément respectés dans cette entité toutes les traditions linguistiques, culturelles, liturgiques, existant actuellement ici.
Est-ce que l’Orthodoxie est capable de réaliser une telle unité dans la multiplicité ?
Oui, je suis profondément convaincu que l’Orthodoxie en est capable, si nous avons assez d’humilité, de patience et d’obéissance à la Volonté de Dieu.
Je vous remercie de votre attention.


V. Loupan

Avant de donner la parole à notre Président pour la conclusion de cette soirée, je voudrais remercier tous ceux qui ont participé ici et notamment la salle, de la qualité des interventions, merci beaucoup de ne pas avoir cédé à la passion et peut être aux invectives. Monsieur le Président, mot de conclusion ?


S. Rehbinder

D’abord je remercie tous ceux qui ce sont déplacés pour venir nous voir et avant tout bien entendu, Mgr Basile, le père Sabbas et aussi Basile de Tiesenhausen ils nous ont apporté chacun des éclairages différents sur ces statuts. Pour terminer, je dois dire que cette table ronde semble avoir montré des choses extrêmement positives.
La première c’est la grande soif d’unité et de pacification qui se manifeste parmi les orthodoxes présents en Europe occidentale probablement à cause des dissensions profondes qui nous tyrannisent en ce moment et desquelles nous voudrions sortir.
La deuxième chose c’est qu’elle montre que le visage de l’église russe tel qu’il est parfois présenté en France n’est pas forcément totalement conforme à la vérité. L’église russe a conscience de ce que nous ne sommes pas, même si moi je descends personnellement de personnes ayant vécu en Russie pendant plusieurs siècles, enfin je ne suis pas Russe comme peut être un moscovite actuel et il s’agit bien, nous parlons bien de tradition russe, c’est-à-dire de l’une des traditions orthodoxes. Je pense que l’église russe en a pleinement conscience et qu’il ne faut pas avoir peur que l’action de l’OLTR soit orientée vers une russification de quoi que ce soit, ce n’est pas vrai.
La troisième chose, je pense qu’il est apparu quand même que ces statuts représentent le point de départ de quelque chose. Est-ce que ce quelque chose ira jusqu’au bout ? Si ça va jusqu’au bout, on l’a entendu plusieurs fois, ce sera l’église locale en Europe occidentale, laissons Dieu agir, conformons nous à la volonté divine et espérons que c’est bien vers là que nous allons.

Catégorie : Table ronde N°3

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