La mission orthodoxe en Russie aujourd’hui :
situation actuelle, problèmes, perspectives.
Professeur André EFIMOV,
Vice-doyen de la section de la Mission à l’Université orthodoxe Saint-Tikhon à Moscou
professeur d’histoire de la Mission
Introduction
Tout le XXème siècle a été celui de la substitution et de la destruction des structures traditionnelles de l’église, de l’état et de la culture, ainsi que de la mentalité des peuples chrétiens. Partout aujourd’hui avancent la corruption, la cupidité, la violence au travers de la publicité, de l’Internet, la radio, les medias. Il est impossible de se le cacher. Les jeunes sont divisés – les uns se donnent à toutes les passions jusqu’à servir le diable; les autres en recherche d’une vie spirituelle, s’impliquent dans des sectes, et seule une faible partie vont vers l’Orthodoxie et l’Eglise.
Il faut rappeler que les sectes et les protestants et en partie les catholiques ont été mieux préparés aux changements dans notre société. Selon les calculs du très célèbre professeur Trofimtchuk, pour préparer et envoyer des missionnaires (sectateurs et protestants) dans notre pays il a été dépensé des moyens immenses: environ 1 milliard de dollars par an. En général l’argent provient des USA, Allemagne, Corée, Japon. Aujourd’hui les sectateurs achètent librement le temps de télévision, éditent leur littérature à de très grands tirages etc.
D’où se pose la question par exemple : comment apporter les Paroles de Dieu à notre peuple martyr?
1 . Ce qu’est la Mission de la Sainte Eglise Oecuménique et Apostolique.
L’Eglise enseigne que l’idéal unique est la sainteté. Pendant près de dix siècles notre pays avait vécu de cet idéal, et c’est pour cette raison qu’il a été appelé La Sainte Russie. Les livres les plus répandus étaient les “Tcheti-Minei” (lecture de la vie des Saints) avec lesquels s’éduquait le peuple. Nous devons d’autant plus nous adresser à nos Saints qui ont répandu la foi et ont servi d’exemple dans la Mission depuis les temps anciens jusqu’a nos jours.
La théologie de la mission doit ouvrir l’énigme de la prêtrise et de l’apostolat, l’énigme de la diffusion de la lumière dans le monde non éclairé. Pour cela il faut présenter la notion du monde sauvé et éclairé par la grâce divine. Il faut décrire l’homme qui par cette grâce devient un membre de l’Eglise, vit, communique avec Dieu et avec les autres gens.
Il est nécessaire d’expliquer comment l’homme peut devenir un collaborateur de Dieu pour en éduquer un autre. Il faut ouvrir les mystères des limites de l’Eglise, des rapports entre l’Eglise et le monde. Et alors sur une base orthodoxe de l’anthropologie, ecclésiologie et sotériologie s’ouvrent le mystère de la prêtrise et de l’apostolat, et apparaissent la missiologie.
La mission commence de l’image donné par le Christ – l’image d’un sermon, l’image des trois ans de son service. Sa mission terrestre s’est achevée par les mots adressés aux Apôtres, à l’Eglise, à nous: “Allez donc auprès des hommes de toutes les nations et faites d’eux mes disciples; baptisez-les au nom du Père, du Fils et du SAINT-ESPRIT…je vais être avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde”. Les Apôtres qui apportaient l’Evangile s’assimilaient au Sauveur. Dieu les préparait, en les envoyant par pair dans l’Evangélisation, en leur donnant le pouvoir de la Parole et de la guérison des malades. Il leur à également donné les images parfaites du bon Samaritain et du bon berger qui donne sa vie pour ses brebis.
Chaque chrétien apporte au monde la joie de l’Evangile, la joie de la participation dans la Résurrection du Christ, la victoire qui a vaincu le monde. Cette joie de la participation à l’amour divin qu’il donne aux autres devient une source infinie de la joie du Saint Esprit. Ce qui sort de la bouche vient du coeur. Les témoins de cette joie ont été les Apôtres et toutes les générations des chrétiens. Car l’Orhodoxie c’est la joie, la joie et encore la joie.
2. L’expérience millénaire de la mission russe.
Ayant adopté le commandement du Christ - aller jusqu’au bout de la terre en prêchant l’Evangile, l’Eglise russe pendant plus d’un millénaire éclaire les peuples russes et à partir du XVIII siècle organise les missions étrangères. En Chine les premiers représentants de la Russie ont été les missionnaires orthodoxes qui avaient des fonctions diplomatiques jusqu’en 1861, en attendant l’ouverture de l’ambassade de Russie. Il est difficile de surestimer le rôle de la mission spirituelle dans l’éclairage et l’histoire de l’Alaska, de l’Amérique et du Japon. Son énorme expérience missionnaire ne se base pas seulement sur la diversité des peuples et de petits groupes ethniques qui vivaient sur ces territoires. Elle a su créer un empire orthodoxe qui a inclus partiellement ou en totalité des peuples non éclairés et leur a peu à peu enseigné l’Orthodoxie. Toute l’histoire de la Russie à partir du saint prince Vladimir peut être considérée comme une bataille pour un état orthodoxe. La notion de l’union de l’Eglise et de l’Etat dans la résolution de tous les problèmes de notre vie quotidienne à partir des temps de saint Vladimir est devenue une idée nationale du peuple russe. L’expérience d’une symphonie entre l’Eglise et l’Etat en Russie est unique. A travers plusieurs siècles l’Empire russe a été le rempart principal, parfois unique, et son effondrement en 1917 signifiait un effondrement graduel des autres moindre “mondes orthodoxes”.
Il y a beaucoup de Saints dans l’histoire de la mission russe. Par leurs exploits a été semé et cultivé le grain de la foi orthodoxe, et sur ce levain se levaient les peuples russes, l’état russe, la culture russe et l’économie; la vie en elle-même s’imprégnait de l’esprit de la foi orthodoxe. Sur la base de l’Orthodoxie s’organisaient les relations avec les peuples russes qui étaient musulmans, bouddhistes et païens.
L’épanouissement de la mission russe date de la seconde moitié du XIX et du début du XXeme siècle jusqu’à la première guerre mondiale. Crée en 1870 par St. Innocent (Veniaminov) la Société Orthodoxe Missionnaire, a uni les forces saines de la Russie orthodoxe en une assistance aux prêcheurs. Pendant ces années beaucoup de choses ont été atteintes, mais il était impossible de s’opposer aux phénomènes destructifs – comme on le voit dans les données des congrès missionnaires, y compris le dernier Veme en août de 1917.
En Russie les tentations de substitutions antichrétiennes, y compris dans les habillages démocratiques de la “liberté, égalité, fraternité”, venaient de l’Occident où les essais des révolutions anticléricales ont frappé l’Europe pendant plusieurs siècles. En Russie ces courants destructifs se manifestaient de temps en temps sous formes diverses jusqu’à l’insurrection des décembristes et l’activité d’organisations terroristes. Se détruisait la foi, la vie, l’étatisation orthodoxe. Les tentations ont rencontré un sol favorable et se sont enracinées. Au début du XXeme siècle seule déjà une certaine partie du peuple vivait avec l’Eglise et dans l’Eglise. Pendant les grandes tentations le peuple n’a pas su garde la foi, et l’Empire orthodoxe est tombé.
3. Situation de l’Eglise russe et du peuple vers 1988.
L’Eglise russe s’est transformée en celle de la prison, du silence. Mais l’opposition de l’Eglise au totalitarisme athée avait toujours un aspect missionnaire. Son silence à l’époque soviétique de la part de ses meilleures membres était bien sonore.
Pendant les persécutions de Khrouchtchev et qui l’ont survécu, la plupart des monastères, des écoles spirituelles, des églises ont été fermés. On ne pouvait pas devenir prêtre en ayant une formation supérieure. De plus à la fin des années 70, environ la moitié des prêtres n’avaient même pas de formation primaire (1 prêtre sur 20 avait une formation supérieure). Celui qui voulait obtenir un enseignement supérieur laïque était obligé de passer un examen sur l’athéisme, toute charité ou service au profit de l’Eglise était strictement interdits, etc...
La pression idéologique en Russie s’est diminuée aux années 70, car les fonctionnaires supérieurs se sont occupés d’une affaire plus claire – la cupidité.
Aujourd’hui vient le temps de la renaissance spirituelle de la Russie, prévue par de nombreux saints russes.
Dans les témoignages d’enquête de l’évêque Arseniy Jdanovski (à l’interrogatoire de 28 mai de 1937, dossier № П-25682), fusillé dans le polygone Boutovo près de Moscou en 1937 (dans ce polygone on fusillaient des centaines des gens chaque nuit jusqu’à 1953), il y a les mots suivants: ”L’Eglise orthodoxe se trouve en ce moment dans une situation très difficile… L’Eglise orthodoxe a souffert plusieurs fois les persécutions et renaissait, comme aujourd’hui. La situation doit changer. L’Eglise sera rétablie, les monastères seront ouverts. Le pouvoir soviétique sera renversé par le peuple, de vrais croyants vont gouverner le pays”.
Le tournant a commencé dans les années 80. Après la bataille pour le pouvoir, l’idée de célébrer le millénaire du Baptême de la Russie a pris forme. Quand le président du Conseil de la religion Khartchev avait proposé au patriarche Pimen de rendre à l’Eglise 1000 églises à demi détruites, celui-ci a refusé cette offre car le Sinod n’y voyait associé ni les moyens, ni le personnel pour la reconstruction et le déroulement des offices.
L’anniversaire du Baptême s’est célébré dans le monastère de St. Daniel ,vite reconstruit. La liturgie a eu lieu en plein air, des dizaines de milliers de croyants ont remplis le monastère et les rues voisines. L’interdiction d’ouvrir les églises et les monastères a été annulée. Dans la même année 1988, dans toute “l’Union Soviétique” le peuple, par lui-même, a ouvert un millier d’églises et autant dans les années qui suivirent.
A présent en Russie il y a plus de 130 diocèses, près de 170evêques, 700 monastères, plus de 27 000 paroisses, environ 10 000 écoles dominicales. Plus de la moitié des diocèses ont leurs écoles religieuses ou séminaires. A Moscou il y a 720 églises et chapelles, plus de 1500 prêtres et diacres. On compte environ 700 éditions périodiques.
4. Formation du clergé et des missionnaires.
Notre souci essentiel a été, et demeure, le douloureux problème de l’enseignement et l’éducation des enfants et de la jeunesse, et son salut. L’esprit de possession et de débauche a envahit l’écrasante majorité de nos enfants et de nos jeunes dans les premières années de la « perestroïka ».
Par exemple, de toutes les 52 maisons d’enfants (orphelinats) de Moscou, les enfants emportaient les affaires pour les vendre. Aujourd’hui, le nombre d’enfants sans domicile, errants, devenus sauvages, est estimé à 2 millions de personnes.
Tous les efforts de l’Eglise, ces premières années de la « perestroïka », se sont dirigés d’abord vers les enfants et les jeunes qui venaient déjà à l’église. Efforts envers les écoles du dimanche, par les pèlerinages et autres excursions, les camps d’été etc…
En 1991, afin d’organiser le travail des écoles catéchétiques du dimanche, une section synodale de l’enseignement religieux et de la catéchèse a été créée (P. Jean Ekonomtsev, P. Gleb Kaleda et d’autres encore), puis, particulièrement par P. Gleb Kaleda, a été développée la conception de l’organisation des travaux de la catéchèse et la mission de l’Eglise. Il a été le premier organisateur de notre institut.
Alors les enfants ont été amenés par les parents ou les grands parents dans nos églises afin que nous leur donnions une formation spirituelle et morale, pour que ces enfants deviennent réellement des personnes. Dans notre paroisse de Saint Nicolas des Forgerons, on nous a amené 650 enfants d’âge différent et 450 dans la paroisse voisine etc…
Afin de pouvoir ouvrir 40 classes d’école catéchétique du dimanche il nous fallait tout d’abord des enseignants : nous prenions des étudiants, des doctorants, des parents, attirés par ce travail et c’est donc pour ces enfants et jeunes en premier lieu qu’a été créé l’Institut Orthodoxe de théologie Saint Tikhon.
Les 300 premiers étudiants de l’institut (aujourd’hui, Université Orthodoxe humanitaire Saint Tikhon) étudiaient le soir avec beaucoup d’ardeur, dans les caves, les greniers et les prêtres ou laïcs plus expérimentés enseignaient avec autant d’ardeur. Petit à petit de nouvelles connaissances étaient acquises, l’enseignement entrait dans une certaine systématisation. Le plan des études, le programme et les cours se perfectionnaient avec les années et ont acquis enfin le niveau universitaire.
Aujourd’hui, l’université comprend 500 professeurs, plus de 1000 étudiants réguliers (journée et cours du soir) répartis en 7 sections et environ 3000 étudiants par correspondance.
Nous avons des professeurs qui viennent de l’Université d’état de Moscou, de l’Académie de théologie, de l’Académie des sciences et d’autres Universités. Il existe un Conseil Scientifique qui est là pour recevoir la présentation des travaux des candidats, des magistères et des doctorats.
C’est aussi en 1990 qu’ont commencé à se créer des fraternités, des groupes d’aide et d’autres organisations sociales dans l’église. Des collèges orthodoxes, des lycées ainsi que des établissements orthodoxes de hautes études.
5. Les Conférences Internationales annuelles de Noël sur l’Enseignement de la Foi
C’est à ce moment que des congrès annuels ont commencé à exister en Russie : les Conférences sur l’Enseignement de la Foi à l’occasion de Noël. Et c’est déjà en 1993 que ces conférences se sont développées et ont atteint un niveau international et ont amené des représentants de toutes les régions de la CEI et de tous les diocèses de l’Eglise russe. Aujourd’hui ces conférences sur l’Enseignement de la Foi se sont transformées en un grand Congrès International. Les deux premiers jours, des séances plénières se déroulent au Palais des Congrès du Kremlin. Durant ces séances interviennent Sa Sainteté le Patriarche, des Métropolites, des ministres, des personnalités de la société et du gouvernement, des scientifiques de haut niveau.
La salle de 5500 personnes est toujours pleine. Dans leurs conférences, le président de l’académie russe des sciences Youri Ossipov et le président de l’académie russe de l’enseignement N.D Nikandrov et d’autres, parlent des graves problèmes se posant dans l’enseignement et l’éducation dans notre société considérant qu’il est impossible d’améliorer l’éducation des écoliers et la formation des étudiants sans l’aide active de l’Eglise.
Pendant la séance plénière qui a eu lieu cette année en janvier, l’intervention du ministre de l’enseignement et des sciences de la fédération de Russie André Froussenko a été accueillie avec beaucoup d’hostilité, sa politique anti-nationale étant très connue et orientée vers les réformes alignées sur l’esprit de la mondialisation. Il a été interrompu par des éclats de voix, des tapements de pieds et même des sifflements. On n’a pas laissé le ministre s’exprimer tant que le Patriarche n’a pas calmé la salle (le ministre, a reçu le même accueil lors de la réunion générale de l’Académie des Sciences).
Ensuite le congrès s’est réparti en 70 sections différentes et s’est terminé par une synthèse de clôture dans la salle des Conciles de l’Eglise. D’après notre source non officielle d’information, il y a eu un accord pour que l’enseignement de l’Orthodoxie se fasse dans les écoles de Russie sous le couvert de la matière : « les fondements de la culture orthodoxe ».
Il m’a été confié, dura,t ce congrès, l’organisation et le déroulement de la section « La Science à la lumière de l’orthodoxie». Il a été particulièrement question de la correspondance entre la science et la création du monde en six jours de la Genèse (Haexameron).
Durand ce Congrès annuel se rencontrent les évêque orthodoxes, les responsable de la communication, les intellectuels avec les représentants de l’administration, de l’enseignement et des intellectuels créateurs non ecclésifiés.
Aux 13 congrès précédents, le ministre du développement régional de la fédération de Russie, V.A Yakovlev, était présent et a participé activement et cette année c’est le procureur général de Russie V.V Oustinov qui a parlé avec douleur, en tant que chrétien orthodoxe, des maladies morales et spirituelles de notre société.
6. Congrès sur l’enseignement de la foi se déroulant en province
Ensuite, les mêmes genres de congrès ont lieu dans différentes villes de province. Je me souviens du premier Congrès de l’Enseignement de la Foi de Saint Jean (en mémoire de Saint Jean de Cronstadt) en 1995 à Arkhangelsk qui avait lieu dans la salle des réunions de la Douma locale. Il y avait un énorme bas relief métallique de Lénine sur le mur que l’on a recouvert d’un grand drap blanc et accroché une image de Saint Jean de Cronstadt. C’est alors qu’eut lieu la rencontre de l’Eglise, les intellectuels orthodoxes avec l’administration et les intellectuels locaux. Pour la première fois il a été possible de mettre en place une entente de collaboration pour l’éducation et le salut des enfants et des jeunes de cette région. L’an dernier j’ai participé au même genre de congrès à Sakhaline et au Kamtchatka.
Le problème de l’éducation et de l’instruction des enfants et des jeunes reste aujourd’hui le problème central et le plus complexe. La lutte pour sauver nos enfants peut réunir toutes les forces saines de la société, et nous avons l’expérience de ce genre d’action commune.
Dans certaines régions, lorsque l’évêque local se donne entièrement à cette tache, Dieu lui donne de réaliser beaucoup de choses. Nous connaissons relativement bien certaines de ces actions. Par exemple, dans le diocèse de Koursk, le gouverneur, le général Alexandre Roudskoï, a entrepris d’aider le métropolite local (le métropolite Youvenaliy). Au résultat, on enseigne aujourd’hui dans plus de 500 écoles la matière « les fondements de la culture orthodoxe ». A l’université pédagogique de Koursk le professeur orthodoxe Vladimir Mikhaïlovitch Mentchikov a réussi à créer un groupe d’étudiants qui se prépare particulièrement à l’enseignement de cette matière. Un laboratoire auprès de l’Université a été créé afin de préparer les programmes des différentes classes, des manuels scolaires et du matériel de méthode. C’est une action qui se déroule sous le patronage de l’Eglise depuis déjà 5 ans.
La formation des enseignants et l’enseignement de cette matière se déroulent également dans les diocèse de Iekaterinbourg, de Kemerovo et dans plusieurs autres diocèses.
On peut s’arrêter plus en détail à l’expérience de Noguinsk de la région de Moscou. Il y a 6 ans le responsable de l’administration V.N Laptev (auparavant champion de boxe poids lourd) a demandé à rencontrer le recteur responsable de la région, l’archiprêtre Mikhaïl Yalova, pour parler de l’état pitoyable de la jeunesse. Il a proposé d’enseigner l’Orthodoxie dans toutes les écoles de la région. Le Père Michel est venu chez nous à l’Institut et nous avons, avec encore deux prêtres expérimentés, mis sur place un plan d’action visant à introduire petit à petit cette matière, tout d’abord dans quelques classes. Il a été repéré dans les différentes paroisses les personnes potentiellement capables d’enseigner cette matière. Il a été organisé pour eux des cours intensifs leur donnant la connaissance des fondements de l’orthodoxie et de la manière de l’enseigner dans différentes classes. On a organisé un congrès pour les directeurs et les enseignants de toutes les écoles de la région, en invitant des prêtres expérimentés et des personnalités du monde de la culture.
Ce congrès était indispensable afin que les directeurs et les professeurs des écoles, dont un grand nombre est athée, comprennent la signification et l’idée de l’introduction de cette matière et deviennent nos associés et non nos adversaires. Sans cette préparation nos enseignants auraient été totalement isolés dans les écoles. Ensuite il a été organisé des rencontres avec les parents dans les écoles où il a été présenté la position commune de l’Administration et de l’Eglise. Etant donné les lois de la Russie, la matière de l’enseignement de l’orthodoxie ne peut être que facultative avec l’accord des parents et des écoles. C’est pourquoi il y a eu une enquête dans chaque école demandant aux parents s’ils étaient d’accord pour l’enseignement de l’Orthodoxie dans les écoles. Tous, les russes, les tatares, les juifs, les musulmans, les baptistes, les catholiques ont répondu qu’étant donné que l’on vit dans un pays orthodoxe il est important de connaître l’Orthodoxie. Dans toute la région il n’y a eu que quelques refus de familles faisant partie de sectes agressives. Après les cours d’été, il y a eu un tri et seulement une partie de ces personnes a eu la possibilité d’enseigner cette matière dans les écoles. Donc il n’y a eu que quelques enseignants pour la moitié des écoles de la région. Les autres candidats à l’enseignement ont continué à étudier pendant une année et seulement après cela ils ont pu enseigner.
A la fin de l’année scolaire il a été fait une enquête : 86% des élèves interrogés ont répondu que la matière leur plaisait, qu’ils demandent une suite, que la matière intéresse leurs parents et leurs amis et les aide à prendre des décisions dans leur vie. Plus de 80% ont dit qu’ils se considéraient orthodoxes. Tout cet important et difficile travail dure depuis 6 ans. Aujourd’hui dans toutes les écoles de la région, dans la plupart des classes on enseigne « les fondements de la culture orthodoxe ». Petit à petit l’ambiance change dans cette région. On peut dire qu’il n’y a plus d’attitudes injurieuses graves dans les lieux publics, les jeunes cèdent la place aux personnes âgées dans les transports en communs etc…
Aujourd’hui dans ce doyenné un travail auprès des jeunes orthodoxes et non orthodoxes se poursuit activement. Ils ont fondé un club touristique orthodoxe et aujourd’hui par exemple, le père Michel avec ses jeunes font des sorties en radeau sur les petites rivières de la Carélie, et avec son petit bateau sur la la Mer Blanche.
L’arrivée dans les écoles de la culture orthodoxe, qui de facto a déjà débuté depuis longtemps, est organique et naturelle dans notre Etat, dans lequel la population est en écrasante majorité, orthodoxe. Par exemple, les résultats d’une enquête faite à Moscou montrent que 54% des enquêtés font confiance à l’Eglise orthodoxe russe et environ 70% font personnellement confiance au patriarche de Moscou et de toute la Russie Alexis II. 70% des interrogés se considèrent orthodoxes, parmi lesquels 10% viennent à l’église au moins une fois par mois et 15% fêtent les plus grandes fêtes religieuses.
Le problème de la formation des enseignants, de la mise en place des programmes, des méthodes, des manuels pour enseigner « les fondements de la culture orthodoxe » était et reste le thème principal du Congrès de Noël et de la Section Synodale Catéchétique, et finalement, de chacun de nous. A Moscou il y a en permanence des cours de mise à niveau pour les pédagogues qui débutent tout juste leur enseignement ou bien pour ceux qui ont déjà de l’expérience dans ce domaine. Ce genre de cours d’été, auprès de l’Académie de Théologie de Moscou, rassemble environ 800 personnes venant de tous les coins de Russie et sont retransmis par satellite sur la chaîne orthodoxe STV dans l’émission « Pokrov ». Ce sont justement ces enseignants pour les petites classes qui sont formés par la faculté pédagogique de notre Institut de Théologie, et pour les classes plus âgées c’est notre faculté de la Mission avec sa chaire de culturologie qui en prend soin.
La faculté de la Mission forme aussi des enseignants spécialisés de l’histoire de la religion (spécialité : connaissance de religions) et en septembre doit débuter une autre spécialité : le « travail social ».
L’institut de théologie forme des prêtres théologiens, ainsi que des enseignants des matières nécessaires à la spécialisation de la « théologie orthodoxe ». Cette spécialisation fait déjà partie depuis quelques années de la liste des spécialisations enseignées dans plusieurs instituts laïques. Aujourd’hui 15 ce ces instituts forment des étudiants dans cette spécialisation et autant sont prêts à ouvrir cette section de spécialisation.
Il y a 150 ans, Ivan Serguieievitch Aksakov (comme beaucoup d’autres), écrivait que le plus grand malheur de la Russie était dans l’absence de personnes orthodoxes cultivées, que dans toutes les classes de la société, les personnes étaient ignorantes sur l’orthodoxie et la spiritualité. Nous reviendrons encore sur cette thèse, du fait qu’une des raisons de la chute de l’ancienne Russie a été l’impressionnante ignorance de l’orthodoxie de la part des intellectuels russes. Aujourd’hui, après 70 ans d’athéisme le problème est encore beaucoup plus aigu. L’appareil éducatif exige des personnes orthodoxes profondément cultivées. La même situation se trouve dans la sphère administrative, culturelle etc…
Aujourd’hui, nos étudiants de fin d’étude et nos étudiants par correspondance travaillent dans différentes structures gouvernementales et autres.
7. Les congrès I, II et III des missionnaires diocésains de L’Eglise Orthodoxe Russe dans son ensemble.
C’est le Concile épiscopal de 1994 qui lança l’idée que la mission tournée vers le citoyen russe actuel était la principale tâche de l’Eglise. C’est alors qu’il fut décidé de concevoir l’activité missionnaire de EOR et de préparer la création d’un Département Synodal. Le programme ainsi conçu fut approuvé en 1995 et, parallèlement en même temps fut créé le département synodal de la Mission. L’organisation du département et son travail furent placés sous la responsabilité de l’évêque (actuellement archevêque) de Belgorod et Starooskol Jean (Popov). En 1996 eut lieu à Belgorod le premier (6ème) Congrès de la Mission de l’EOR. Il y en eut deux autres à Moscou par la suite et, cet été, il est prévu de tenir le 4ème congrès dans la ville de Tchita.
Lors du II- ème (7ème) congrès des missionnaires diocésains, Sa Sainteté le Patriarche Alexis II a déclaré : « Nous devons faire du XXI- ème siècle un siècle orthodoxe car l’alternative serait une absence complète de spiritualité, la destruction de tous les fondements moraux et, comme conséquence, la destruction d’une Russie qui aurait perdu sa mémoire historique et son originalité spirituelle. Par « siècle orthodoxe » il ne faut pas comprendre que nous organiserions, dans un pays donné, une sorte de symphonie entre l’Etat et l’Eglise, mais que la vision orthodoxe du monde deviendrait, avec notre aide, une force d’opposition à cette culture destructrice qui ne rencontre pas d’opposition dans la conscience sociale…Il nous faudra agir de telle sorte que chacun puisse entendre et comprendre la voix de l’orthodoxie et que chaque habitant de la Russie puisse confronter ses paroles et ses actes avec cette voix de l’orthodoxie ».
Sa Sainteté Alexis II a ajouté, que « le XXI- ème siècle sera le siècle de l’orthodoxie, non seulement pour la Russie mais pour le monde entier, ou ce XXI-ème siècle ne sera pas. L’Eglise doit manifester la Beauté et l’élévation de l’orthodoxie avant tout pour les peuples de la Russie et ensuite pour le monde entier. Le programme de l’action missionnaire comprend le développement des voies et moyens du témoignage missionnaire orienté vers différentes couches de la population et sous différentes formes, y compris les média, la radio, la télévision, de même que la coordination de l’activité missionnaire dans les diocèses, les monastères, etc.
8. Les aspects de l’action catéchétique et missionnaire
1. Préparation au baptême et catéchèse dans les paroisses.
La naissance de chaque paroisse résulte de l’exploit de croyants, avec souvent, mais pas toujours, à leur tête, un prêtre fort. Cette naissance est toujours difficile, elle s’accompagne toujours d’épreuves et de tentations, elle est toujours orientée vers l’Eucharistie, par la manifestation concomitante de la bonté et de la puissance de Dieu. Le résultat en est l’apparition d’un jeune organisme ecclésial. Ce jeune organisme se développe. S’il est sain, il se renforce et pousse comme le grain de sénevé, sous les branches duquel se rassemblent une multitude de gens. Et chaque nouvelle paroisse en Russie s’efforce d’être ce juste, sans lequel aucun village ne peut subsister en ce pays. Le plus important dans la croissance missionnaire de la paroisse réside dans la droiture, la performance spirituelle et l’exemplarité. Si tout cela existe, et est exempt de fard et d’hypocrisie, alors avec l’aide de Dieu, avec l’aide de l’expérience déjà acquise par l’Eglise et celle de la hiérarchie, vont se construire telle ou telle forme de catéchèse de ceux qui posent le pied dans cette église. Ceci n’est pas simple dans la mesure où la principale difficulté chez nous réside dans l’insuffisance d’orthodoxes déjà formés et de moyens matériels. En général, c’est la personnalité du pasteur qui joue un rôle déterminant.
Les pasteurs pleins d’abnégation et de force trouvent ou forment des gens, parviennent à établir des rapports avec les structures orthodoxes de formation et, d’une manière ou d’une autre, organisent la catéchèse de ceux qui viennent et une activité d’enseignement orientée vers l’extérieur.
Exemple : Archimandrite Serge à Velikije Louki.
1 La vie missionnaire de la paroisse : les fraternités, les « sestritchestvos » - les fraternités pour femmes
Avant la révolution, 1500 fraternités exerçaient leur activité en Russie. Depuis 1991 une vive croissance du nombre des fraternités a été initiée. Des centaines d’entre elles se sont crées en même temps qu’une Union des fraternités. Certaines se sont consacrées presque exclusivement à l’activité commerciale. Alors, par décision du Saint Synode, fut élaboré un modèle de statuts pour les fraternités suivant lequel celles-ci ne peuvent exister qu’auprès d’une église ou une paroisse et doivent être soumises à l’autorité du recteur. Il n’en demeure pas moins que les formes d’organisation et les types d’activité des différentes fraternités restent très divers. Notre fraternité « Au Nom du Sauveur très miséricordieux » (Fraternité du Sauveur) est inter paroissial. En faint partie prés de 20 paroisses de Moscou. L’aumônier de la fraternité est le père Vladimir Vorobiev, le président est N. E. Emilianov. Outre des personnes physiques, la fraternité compte parmi ses membres deux importants sestritchestvos auprès des hôpitaux municipaux numéros 1 et 50, trois lycées, une école d’infirmières, une école de musique. La fraternité s’occupe de plusieurs maisons d’enfants abandonnés, organise des camps d’été ou d’hiver pour les familles et les enfants, prend soin du centre d‘instruction médicale « La Vie » etc. En dehors de l’aide de sponsors, la fraternité possède plusieurs sources de revenus. La principale est constituée par le magasin « Parole orthodoxe » qui est actuellement un des principaux centre de diffusion de littérature spirituelle, d’icônes, d’objets de culte, etc. Le magasin édite chaque année des dizaines de livres orthodoxes en collaboration avec l’ITO Saint Tikhon.
-Bienfaisance et action caritative.
En 1990, pour la première fois l’Eglise a reçu l’autorisation de s’occuper de bienfaisance et d’actions caritatives. Le département synodal de bienfaisance apparut peu après. A cette même époque, pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale, et même à Moscou, les retraités étaient obligés de sortir pour chercher des morceaux de pain, au besoin dans les poubelles. Les familles nombreuses criaient famine. La population rurale s’appauvrit jusqu’à la misère complète et beaucoup ont commencé à errer à la recherche d’un morceau de pain. Les monastères et les paroisses les plus forts répondirent tout de suite à ces malheurs et diverses formes de bienfaisance et de charité apparurent immédiatement. Au même moment, l’Eglise servit de vecteur à un important flux d’aide humanitaire en produits alimentaires et vêtements en provenance de l’Ouest. Une telle aide est aussi passée par notre fraternité du Sauveur, notamment depuis la France, et nous nous en souvenons toujours avec gratitude.
Aujourd’hui la vie devient plus facile, bien que, et rien qu’à Moscou, il existe encore sans doute, plusieurs centaines de milliers de personnes qui sont dans la misère.
En Russie, le nombre d’enfants abandonnés est estimé à un ou deux millions. Beaucoup tombent sous la coupe de structures criminelles ou de la drogue. C’est seulement depuis ces dernières années que l’état a commencé à se préoccuper sérieusement de ce pénible problème et il s’adresse de plus en plus souvent à d’organisations appartenant à l’Eglise dans la mesure où cela nécessite du personnel moralement sain et où il y a de moins en moins de personnes dignes de confiance en dehors de l’Eglise.
Les premiers programmes conjoints entre l’Eglise et l’état ont démontré la capacité de l’Eglise à trouver de gens et à organiser ce travail, très ardu, avec les SDF, les enfants abandonnés, les drogués, etc.
Pour la formation du personnel nous avons créé une spécialité « Travail social ». C’est le père Arcady Chatov, membre de notre fraternité, qui se trouve, avec son Sestritchestvo de Saint Dimitri, à la tête de travail social de l’Eglise dans la région de Moscou. Auprès du sestritchestvo, existent des orphelinats, des centres de réhabilitation.
2 –L’orthodoxie dans les hôpitaux, les maisons pour personnes âgées, et les invalides, les maison pour enfants.
Le "Sestritchestvo de Saint Dimitri" a été créé par le père Arcady Chatov auprès de l’hôpital municipal n° 1, en même temps qu’était restaurée l’église de l’hôpital. L’équipe des prêtres et des sœurs dessert tous les services de l’immense hôpital. L’hôpital n°5 , situé au voisinage, a été entièrement transmis au bon soins de l’Eglise.
Aujourd’hui il y a beaucoup de sestritchestvos auprès des hôpitaux et des 52 églises ou chapelles hospitalières, en particulier auprès de "l’Hôpital central militaire Bourdenko". Les étudiants de notre faculté, à titre de travaux pratiques d’activités missionnaires, aident cette église à desservir non seulement les malades, mais aussi le personnel et les militaires de l’unité qui assure le service de l’hôpital. La même chose se passe dans les maisons pour personnes âgées ou invalides. Par exemple, la maison privilégiée, réservée au travailleurs soviétiques du parti, ayant accompli une longue carrière, est, elle aussi, desservie par nos étudiants.
Il y a, à Moscou, 52 orphelinats ou maisons pour enfants. Aujourd’hui il y a des églises dans certaines d’entre elles et beaucoup sont desservies par des prêtres, des fraternités et des paroisses. La fraternité du Sauveur aide à desservir 8 d’entre elles. On ouvre des maisons pour enfants auprès des monastères et des églises. En 1992, dans le diocèse d’Orenbourg, un recteur de paroisse, l’archiprêtre Nicolas Stremski a organisé un orphelinat, chez lui, dans lequel il élève 60 enfants, dont 24 ont été adoptés par lui, les autres étant sous sa garde.
L’orthodoxie dans l’armée
Depuis de nombreuses années des prêtres orthodoxes visitent et desservent les unités de l’armée. Dans les cités militaires destinées aux principales unités, on construit des église. Il arrive qu’un évêque embarque sur un sous-marin pour une patrouille de longue durée, il célèbre alors les offices, confesse, donne la communion (évêque Ignace de Kamtchatka). Il existe des unités dans lesquelles la majorité des officiers et des hommes sont orthodoxes. Alors il est possible d’y créer une atmosphère orthodoxe particulière. Les prêtres ont un rôle primordial dans les points chauds, où il desservent les officiers et les hommes directement dans les tranchées. Dans certaines écoles militaires il existe des chambres de prières ou des chapelles arrangées dans une pièce. On examine actuellement les possibilités concrètes de créer, dans un court délai, un corps d’aumôniers militaires. Il faudrait alors près de 5000 prêtres pour l’ensemble de l’armée.
Education orthodoxe et prise en charge spirituelle dans les prisons.
Dès les premières années de la Péréstroïka et l’avènement du «tout permis», la criminalité a connu une explosion catastrophique, surtout parmi les jeunes. Pour nombre d’entre eux, le dégrisement et l’éveil à la foi se sont produits dans les lieux de privation de liberté. Les premiers à venir dans les prisons ont été les membres des sectes, mais les premières églises et communautés carcérales sont apparues déjà en 1993 et, petit à petit, les visites des prêtres dans les prisons sont devenues systématiques. Aujourd’hui, dans certaines éparchies, presque tous les lieux de détention sont pris en charge. Les relations de l’Eglise avec les prisons sont régies par le Département synodal spécialement créé à cet effet. Un enseignement des fondements de la foi orthodoxe a été mis en place presque simultanément dans plusieurs lieux de détention. L’activité la plus fructueuse est celle du groupe constitué auprès de la Faculté Missionnaire, sous la direction notre jeune diplômée, Nathalia Ponomoreva, qui a mis au point une série de méthodologies et imaginé des manuels pédagogiques, destinés à l’enseignement de l’orthodoxie par correspondance. Aujourd’hui, ce mouvement s’étend rapidement, ses manuels pédagogiques et ses descriptifs méthodologiques sont publiés. Cette expérience se répand dans toute la Russie.
Presse orthodoxe
Selon les estimations, le tirage de l’ensemble des publications orthodoxes constitue près du tiers des publications à caractère non technique en Russie.
Quel est actuellement le rôle des médias dans le service missionnaire ? D’une part, les médias aujourd’hui ne jouissent pratiquement d’aucun confiance. C’est compréhensible, étant donné qu’à l’époque soviétique et post-soviétique, ils ont servi dans une grande mesure la cause de la destruction de l’âme humaine. D’autre part, dans son impuissance le mortel des communs actuel – son âme, ses intérêts, son système de valeurs vitales – est formaté pour une bonne part par les médias. C’est pourquoi il ne faut pas sous-estimer leur rôle dans la vie de l’homme contemporain, ni négliger les possibilités qu’ils nous offrent.
Aujourd’hui, aucun phénomène de la vie publique ne peut se passer de support informationnel.
La presse orthodoxe en Russie a connu des succès notables. Il existe des publications pour les ecclésiastiques, pour la lecture familiale, pour les militaires, les étudiants, les enfants et la jeunesse, consacrées à la lutte contre les sectes, aux activités caritatives, etc.
Si avant la révolution, il existait près de 150 périodiques, actuellement leur nombre est de l’ordre de 700.
La presse orthodoxe couvre les sphères majeures de la vie publique : religion, Eglise et politique, économie. Les journaux et revues possèdent leur propre auditoire: lecteurs orthodoxes et proches de l’orthodoxie, de tous âges et de toutes professions. La principale mission de ces publications est d’informer sur ce qui se passe à l’intérieur et en dehors de l’Eglise Orthodoxe Russe, d’analyser les processus de développement religieux, spirituel de la société russe.
Les journaux et revues orthodoxes se répartissent en fonction de la composition de leurs fondateurs: le premier groupe est celui des publications officielles, c'est-à-dire des journaux et revues, créés par les structures ecclésiastiques et reflétant la position officielle de la direction ecclésiastique. Par exemple : la « Revue de la Patriarchie de Moscou » («Zhurnal Moskovskoj Patriarhii»), le « Messager ecclésiastique » («Cerkovnyj Vestnik»), « Venue » («Prihod»), « Rencontre » («Vstrecha »). Un rôle important dans la vie de notre Eglise revient à la « Revue de la Patriarchie de Moscou », le principal organe de presse périodique de l’Eglise. Cette revue a été fondée par la Patriarchie de Moscou de l’Eglise Orthodoxe Russe. Depuis qu’elle existe, la « Revue de la Patriarchie de Moscou » a toujours été la chronique des œuvres et des jours de l’Eglise Orthodoxe Russe. Le 25 janvier 2006, la revue a fêté ses 75 ans.
Le second groupe de la presse orthodoxe est celui des publications non officielles, d’un point de vue formel, mais qui bénéficient du soutien de la hiérarchie ecclésiastique, telles que, par exemple, les organes de presse de la société « Radonezh ».
La presse orthodoxe se subdivise également en publications régionales et centrales, en publications éditées par les fraternités, les monastères, les églises orthodoxes. Les journaux éparchiaux ont été les premières des publications orthodoxes à établir des liens étroits avec leurs lecteurs, ils se sont mis à vivre de leurs problèmes et c’est pourquoi leur influence ne cesse de croître de jour en jour sur la vie spirituelle et sociopolitique des régions.
La présence d’une colonne (ou d’un insert) consacrée à la vie orthodoxe est, aujourd’hui, largement répandue dans les journaux et revues laïcs. Ces journaux et revues tirés à plusieurs millions d’exemplaires sont diffusés à travers toute la Russie.
La presse orthodoxe est complétée par les nouveaux types de publications électroniques. L’Internet constitue un champ illimité pour l’activité missionnaire de l’Eglise Orthodoxe Russe et une aide pour l’établissement de liens entre les éparchies.
Quelques exemples de publications données en fonction de la fréquentation de leurs pages sur Internet :
Russkyj Dom (« Maison russe »)°. Revue pour ceux qui aiment la Russie http://www.russdom.ru/
Foma (« Thomas »). L’orthodoxie pour ceux qui doutent http://www.foma.ru/
Alfa et Omega. Revue scientifique et éducative http://ao.orthodoxy.ru/
Отрок.ua. Revue orthodoxe pour la jeunesse
Neskuchnyj Sad (« Un Jardin où l’on ne s’ennuie pas »)°. Revue orthodoxe consacrée aux activités caritatives http://www.nsad.ru/
Tribune de la pensée russe. Revue http://www.cisdf.org/pr-trm.html
Vyzantyja (« Byzance »). Revue culturelle et éducative http://vizantija.ru/
Kyevskaja Russ (« Russ’ de Kiev). Pour ceux qui veulent croire rationnellement http://www.kiev-orthodox.org/ Revue pédagogique orthodoxe http://www.glagol-online.ru/ Moskovskyje eparhyalnyje vedomosty (« Journal de l’éparchie de Moscou ») . Revue http://vedomosti.meparh.ru/
Mir Bozhyj (« Le Monde de Dieu ») . Revue orthodoxe http://mir.voskres.ru/
Sobranje (« Concile »). Revue de la jeunesse orthodoxe à vocation missionnaire et éducative http://www.sobranie.org/ Vstrecha (« Rencontre »). Revue des étudiants orthodoxes http://vstrecha.mpda.ru/
Stupeny (« Les Marches). Revue des étudiants orthodoxes http://www.stupeny.minds.by/
Naslednik (« L’Héritier ») . Revue de la jeunesse orthodoxe http://www.naslednik-magazine.ru/
L’Internet constitue un champ illimité pour l’activité missionnaire de l’Eglise Orthodoxe Russe. Les sites orthodoxes sont regroupés dans le catalogue des ressources orthodoxes www.hristianstvo.ru
Les dix sites les plus fréquentés sont les suivants :
Pravolavsnyj kalendar (“Calendrier orthodoxe”) http://days.pravoslavie.ru/
Pravoslavje.Ru (« Orthodoxie.ru) http://www.pravoslavie.ru/
Eglise Orthodoxe Russe. Web-serveur officiel du Patriarcat de Moscou http://www.mospat.ru/
Chants de la Résurrection russe. Musique et poésie orthodoxes http://pesni.voskres.ru/
Orthodoxie et modernité. Bibliothèque électronique http://www.lib.eparhia-saratov.ru/
Le Cheristianisme dans l’art. Icônes, mosaïques, fresques http://www.icon-art.info/
Radonezh. La société (fraternité) orthodoxe http://www.radonezh.ru/
Svetelka. Club de rencontres pour les orthodoxes http://www.cofe.ru/blagovest/svet/
Archives orthodoxes mp3. Lectures bibliques, conférences, livres audio http://mp3.predanie.ru/
Sedmitza Ru. Encyclopédie orthodoxe http://www.sedmitza.ru/
L’année 2002 a vu la création du Club des journalistes orthodoxes, qui tient depuis des réunions annuelles. Ce club réunit les rédacteurs en chef et les journalistes phares des principaux médias orthodoxes. Ses réunions sont l’occasion d’écouter des exposés analytiques sur l’état des médias en Russie et d’organiser des discussions libres. Au terme de ces débats, le Club désigne les meilleurs ouvrages, publications et auteurs de l’année, ainsi que les ouvrages et auteurs, ayant sciemment dénigré l’Eglise Orthodoxe Russe. http://www.radonezh.ru/club /
Récemment à Moscou, le Petit Salle des Assemblées Ecclésiastiques de l’Eglise du Christ Sauveur a accueilli la cérémonie solennelle de remise des prix aux vainqueurs et lauréats du concours d’œuvres originales, organisé dans le cadre du Premier Festival des médias orthodoxes « Foi et Parole » (« Vera y Slovo »). http://www.ortho-media.ru
L’orthodoxie à la télévision
La télévision exerce la plus grande influence sur l’homme moderne.
Il est indispensable, en premier lieu, de citer les trois émissions régulières qui sont diffusées sur les chaînes principales de la télévision. La première – Le « mot du pasteur » (le samedi à 9H00, sur la première chaîne ORT) – est un débat avec le métropolite de Smolensk Cyrille (Goundiaev), la seconde « Encyclopédie orthodoxe » (le samedi, à 8H30, sur la troisième chaîne TVS Moscou ») est un télé almanach de connaissances historiques. Il y a toujours dans le programme des récits des nouvelles culturelles et des événements de la vie orthodoxes, des rencontres avec des personnalités orthodoxes renommées du monde de la culture et de la science. Il y a des dialogues et des questions, en direct, des téléspectateurs. La troisième – « Sujets bibliques » (le samedi à 10H10, sur la cinquième chaînes « Koultura ») est produite par le studio « NEOFIT » près le monastère St Daniel à Moscou.
Il existe des programmes orthodoxes réguliers dans beaucoup de diocèses sur des chaînes locales, sur lesquelles se produisent les évêques diocésains (Iaroslav, Saratov, Rostow sur le Don, Kemerovo, Tobolsk, Petropavlovsk-kamtchatski, Khabarovsk et autres).
Ces dernières années ont vu la création de chaînes orthodoxes de télévision.
Il y a eut quelques tentatives infructueuses. Mais le succès a été atteint à Ekaterinbourg. Ce n’est pas par hasard. L’archevêque de Ekaterinbourg et de Vorkouta Vikenty est l’un des archevêques les plus énergiques et orienté vers l’activité missionnaire de l’Eglise Orthodoxe Russe. Ses capacités organisationnelles et ses hautes qualités spirituelles ont contribué à la création de la première chaîne régionale de télévision orthodoxe. La chaîne émet par le biais d’un système de satellites vers de nombreux réseaux câblés de Russie. La chaîne fonctionne 24 heures sur 24 et comprend ces principaux programmes : « Le calendrier liturgique », « les événements de la journée », « Prêches », « matins orthodoxes » et les programmes pour enfants : « Mots gentils du matin », " Matin dans la forêt" de Chichkine , « Débats avec le prêtre », des conférences du professeur A.I. OSSIPOV et d’autres savants renommés, « Diocèses, Evénements de la semaine », « La Musique, le Temps et les Hommes », « Quart d’heure littéraire », « Renaissance spirituelle de la Russie. », « En Chemin vers l’Eglise », des bandes dessinées, des films orthodoxes.
A ce jour, une télédiffusion Internet par satellites STV fonctionne, qui bien que laïque s’efforce d’être chrétienne, orthodoxe. Sa base est la chaîne vidéo de référence « Pokrov » (De la protection de la Vierge), fondée conjointement avec le comité scolaire de l’Eglise Orthodoxe Russe : http://www.stv.su.
La chaîne vidéo est appelée à créer le moyen uni d’information et de formation de l’Eglise russe orthodoxe, à relever le niveau des connaissances générales et orthodoxes de toute la Russie, à fournir un constant échange d’informations entre les diocèses de Moscou et des régions. Des supports spécialisés pour les centres orthodoxes de formation et des supports de caractère éducatif général destiné à un large public y sont compris :
des programmes d’enseignement à distance pour les centres de formations orthodoxes,
des séminaires de spécialisation des enseignants des centres de formation, des travailleurs ecclésiaux et des collaborateurs des structures administratives de l’Eglise Orthodoxe Russe
des prêches et des messages d’archevêques et de prêtres ou père spirituels reconnus,
des diffusions de synodes orthodoxes, de forums et d’événements importants de la vie orthodoxes,
des conférences sur des thèmes ecclésiaux, théologiques ou des disciplines de caractère général – culture, art, histoire, littérature – et touchant les problèmes de la communauté moderne, avec la participation de responsables religieux, sociaux ou politiques,
des films documentaires et des émissions sur des thèmes orthodoxes, éducatifs ou culturels,
des émissions enfantines et des films pour enfants à vocations éducatives et enrichissantes.
La chaîne TV « POKROV » est diffusée sur toute la partie européenne de la Russie. Il est formé l’espoir que cette chaîne atteindra un public non seulement orthodoxe mais aussi de nombreuses couches de la population.
Il y a presque un an que diffuse le canal satellite « SPASS » (le Sauveur) qui diffuse 13 heures par jour. Dans sa grille de programme, des émissions inédites, des débats en studio avec des personnalités orthodoxes connues et des films documentaires. La répartition des programmes est la suivante : 60% de programmes sociaux et politiques et 40% de programmes religieux. Citons les programmes principaux : Le calendrier orthodoxe, « Canons », Exemples de vies (exemple « Adrien et Xenia », « Ivan Okhlobystine », « Matouchka Xenia »), divers « Heures russes » avec divers participants, des films documentaires.
Il existe aussi le canal TV par Internet « Radonezh » : http://www.radonezh.ru/telekanal/
A part, les chaînes de télévision, il existe la station radio « Radonezh » et des émissions orthodoxes sur différentes stations radios régionales ou de la Russie.
films orthodoxes.
Il existe une production importante et suivie de films orthodoxes et sur des thèmes connexes, documentaires, éducatifs et de fiction. Festivals et séminaires sont organisés de manière régulière, comme par exemple, le 10ème festival-séminaire « orthodoxie à la télévision et à la radio », qui a vu la participation de 50 organismes de radio-télédiffusion de Russie, d’Irkoutsk à Rostov, avec 82 émissions de radio et de télévision présentées au concours http://ipk.ru
Tous les ans depuis 1995 se tient le Festival international d’émissions de radio et de télévision « Radonej ». Plus de 100 organismes de radio-télédiffusion publiques et privées et des représentants des Eglises Orthodoxes Locales y participent.
La plus représentative de ces manifestations est le Forum cinématographique international « Zolotoi Vityaz’ » où sont présentés des films dans le cadre de la tradition cinématographique slave et chrétienne tendant à promouvoir des idéaux moraux, chrétiens et à élever l’âme de l’homme. Lors du dernier forum le « Vityaz » d’argent a été attribué à Marina Dobrovolskaia, étudiante de l’Université orthodoxe Saint Tikhon pour son court-métrage « les femmes myrrhophores ».
Il faut dire que depuis des années un combat est mené pour obtenir une chaîne orthodoxe d’Etat à la Télévision Centrale.
orthodoxie dans le monde de la culture, les musées.
Dans le monde de la culture dès le début de la Péréstroïka, on constate la différentiation entre ceux qui s’orientent vers l’Amérique (l’Occident) et ceux qui reviennent vers la culture de la Russie orthodoxe avec son échelle des valeurs traditionnelle. Jusqu’alors, la seule question qui s’était posée aux intellectuels avait été celle de leur survie. De plus en plus, ces derniers temps, les auteurs et créateurs de sensibilité nationale traditionnelle jouissent d’un plus grand soutien. Ce soutien n’est pas seulement le fait de bienfaiteurs particuliers, mais aussi celui de l’état. Par exemple, le Fonds humanitaire et scientifique de Russie (RGNF) offre de plus en plus souvent des dons pour financer des recherches sur des thèmes orthodoxes, dont celles portant sur les nouveaux martyrs et les confesseurs de Russie, sur l’art ecclésiastique orthodoxe. Yu. T. Lisitsa, professeur de notre faculté vient de recevoir un tel don sur le thème « idées et idéaux russes dans le passé et à l’époque actuelle ». Le professeur Lisitsa a consacré plus de 15 ans à l’édition des œuvres d’Ivan Ilyine. La publication en est aujourd’hui au tome 27.
Un évènement marquant de l’année écoulée a été le transfert des restes mortels du général Anton Denikine et d’Ivan Ilyine au monastère Donskoï de Moscou.
Nombre de musées ont été créés par la Russie soviétique au début du XXème siècle pour conserver les vestiges du sacré et du patrimoine culturel à l’époque de l’athéisme communiste. Durant toute la période communiste, les musées furent ainsi des foyers de lutte pour sauver le sacré. Dès le début de la Péréstroïka, de nombreux monastères-musées furent cédés à l’Eglise, tout en conservant partiellement leur fonction de musées. Malgré une législation imparfaite, ce processus se déroule dans l’ensemble positivement. On peut en citer l’exemple de la Galerie Nationale Tretiakov à Moscou. Il y a onze ans, l’église à moitié détruite de la Galerie a été cédée à une communauté de fidèles sous la conduite du prêtre Nikolaï Sokolov. Aujourd’hui, tout en restant au sein de la structure de la Galerie Nationale, l’église a pris vie, a été reconstruite entièrement et tous les offices y sont célébrés sans obstacle. Le père Nicolas, prêtre titulaire, et ses collaborateurs (dont le chœur) sont tous membres du secteur Art russe ancien du musée dont il est le directeur. L’église contient notre très grand trésor sacré qu’est l’icône de la Mère de Dieu de Vladimir, tandis que la « Trinité » du vénérable Andrei Roublev est exposée dans l’église aux jours des grandes fêtes. De nombreux agents de la Galerie Nationale y ont été baptisés.
Les processions solennelles
Tout récemment encore, l’Eglise ne révélait sa beauté et sa sainteté au monde extérieur que lors des processions solennelles de Pâques. Illuminés par les cierges, les visages des fidèles animés par la foi et pleins d’une joie sereine inspiraient l’étonnement et l’ahurissement d’une foule goguenarde. Aujourd’hui, les choses ont changé. La procession Pascale ne suscite plus l’étonnement, mais attire et appelle d’année en année de nouveaux fidèles, souvent des jeunes.
Aujourd’hui, la Procession sort de l’enceinte de l’église, et ce de manière multiple et variée. Ce peuvent être des processions renouvelées vers des lieux, sources ou chapelles vénérées, ou la procession traditionnelle, précédée de l’icône ancienne et miraculeuse du Sauveur lors des quatre grandes fêtes de l’année sur toute la ville ancienne de Borisoglebsk, diocèse de Yaroslavl, sur la Volga. L’icône est portée par trente hommes solides sur une litière spéciale. Parfois, l’évêque est à la tête de la procession, qui chemine sur toute la partie ancienne de la ville de Borisoglebsk puis se dirige vers les quartiers nouveaux et l’église en construction, édifiée en l’honneur du saint martyr Benjamin, puis franchit le fleuve sur le bac pour se poursuivre sur toute la ville ancienne de Romanov. La ville entière vient au devant puis accompagne le Sauveur et la procession. L’on répand de l’herbe fauchée et des fleurs sur le passage de l’icône, puis les fidèles zélés ramassent ces fleurs sanctifiées que la procession a foulées pour les conserver en pieux souvenir. Les paroisses des villages et villes des alentours viennent en autocar pour goûter la grâce de la participation à cette manifestation de la foi orthodoxe.
Une autre procession sur plusieurs jours chemine en terre de Yaroslavl avec l’icône vénérée de la Mère de Dieu de Kazan, de village en village et de ville en ville, dans tous les diocèses.
La célèbre procession solennelle traditionnelle de l’icône de la Mère de Dieu Kourskaia-Korennaia réunit ces derniers temps tant de fidèles, que le diocèse a décidé, de concert avec les autorités civiles, de renoncer à faire passer la procession à travers le centre de la ville car le pont sur la rivière risquerait de s’effondrer.
Nous avons aussi le souvenir de la procession déjà ancienne des reliques retrouvées de Saint Séraphin à travers Saint Pétersbourg, puis Moscou, puis toute la Russie vers Diveevo. Cela avait été un fait singulier de vie spirituelle animant tout un peuple, un témoignage de l’Eglise et de la foi.
Que dire aussi de la procession de pénitents d’Ekaterinburg jusqu’à Ganina Yama, où, sur le site de l’ensevelissement des dépouilles des martyrs de la famille impériale sera édifié un monastère d’hommes ! Là, toute la terre, les pins et l’air sont sanctifiés par le sang des martyrs. Quittant la cathédrale au petit jour après une liturgie nocturne, sur 8 à 10 kilomètres dans la ville puis sur une même distance à travers la campagne, la procession s’avance, forte de milliers de fidèles, à la suite de l’archevêque Vikentiy et de plusieurs dizaines de prêtres. Elle nous ramène aux paroles de Saint Séraphin Vyritski, notre contemporain : « les processions sauveront la Russie ». Chaque procession porte une sonorité, une voix, un but qui lui sont propres et un témoignage singulier.
Une autre procession, tout à fait nouvelle dans son esprit, est celle des reliques d’Elizaveta Feodorovna, qui a parcouru presque toutes les grandes villes de Russie et d’Ukraine. Des foules assemblant plusieurs milliers de fidèles attendaient en bon ordre la vénérée martyre à Magadan, à Sakhaline ou encore à la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, puis toute la nuit et tout le jour venaient s’approcher d’elle des hommes et des femmes qui venaient seulement d’entendre parler d’elle, de sa sainteté et de ses actes. Ses reliques ont connu la vénération du très grand nombre (jusqu’à 10 millions de personnes). N’est-ce pas là une preuve de la foi et de la soif spirituelle du peuple ?
Problèmes et perspectives
Tout comme au cours des dix siècles passés, les plus grande difficultés de la prédication de la foi restent l’insuffisance de prédicateurs formés et de moyens matériels.
Au cours de toutes les époques de son histoire, l’Eglise russe a vu s’épanouir l’action missionnaire quand survenaient des défenseurs de l’orthodoxie forts d’une haute éducation et pleins de foi et d’amour, quand le Seigneur donnait des bienfaiteurs qui leur assuraient aide et soutien matériels. Dans l’histoire de la Russie, ce furent des princes et des tsars emplis d’un pieux zèle. C’est alors que le travail conjoint de l’Eglise et de l’Etat amenaient à l’église de Dieu des peuples entiers. Aujourd’hui encore, pour sauver la jeune génération, il n’apparaît d’autre solution, à tout le moins dans le plan de l’action humaine, qu’une telle collaboration fructueuse entre les forces de l’Eglise et de l’état.
Dès à présent s’édifient des centres d’éducation spirituelle – centres d’action missionnaire, qui sont parfois appelés centres de la culture orthodoxe. L’activité de ces centres exerce une action sur toutes les couches de la population. Ils comportent des bibliothèques, des médiathèques. Quelle que soit la diversité des éditions orthodoxes il importe de développer encore davantage l’édition à but missionnaire, en particulier auprès des enfants, des jeunes et des personnes âgées.
Passons maintenant au projets concrets en matière de prédication de la foi. L’action de toute première nécessité est la constitution d’un centre missionnaire réunissant l’expérience de l’action missionnaire aussi bien ancienne que contemporaine. Il n’existe, à ce jour aucun centre de cet ordre. Ce centre aura pour vocation de contribuer à la formation et à l’éducation de missionnaires, participer à ma création de médias orthodoxes, dont des médias éducatifs. Sur le plan des structures et des fonctions, un tel centre pourrait comprendre :
Un service d’analyse de l’information
Un service d’accompagnement de l’œuvre sociale
Un service d’appui méthodologique et d’organisation de l’éducation spirituelle.
Un service d’appui méthodologique de la formation des agents missionnaires.
Un service d’évaluation des projets
Conclusion
A Moscou, le Professeur N.V. Zvolinski, mathématicien connu, était le fils spirituel du starets p. Ioann Krestiankine. Quand il mourut en 1995, il apparut que c’était un moine, et après le service funèbre, sa dépouille revêtue de son habit de moine fut transportée à l’Académie des Sciences pour la cérémonie des adieux, ce qui fit grand effet sur les hommes de science réunis. De même, l’on fut impressionné par son dernier petit ouvrage, consacré aux problèmes de la vie de la Russie. Il fait au début une analyse de la situation puis établit un diagnostic : notre peuple, notre société notre pays sont malades d’avoir perdu l’idéal de sainteté… Comment tirer notre peuple de chaos et l’amener à l’élévation spirituelle et morale ?... Il importe tout d’abord que le plus possible de Russes comprennent en quoi consiste le malheur du pays. Après, que chacun commence par lui-même. Souvenons-nous des paroles de Saint Séraphin de Sarov : « Acquiers un esprit de paix et des milliers se sauveront autour de toi ».
Son ouvrage s’achève de la façon suivante : « Il convient ici de rappeler les paroles de P.A. Stolypine à propos du ministre Vitte : « C’est un homme d’une très grande intelligence et suffisamment fort pour sauver la Russie, mais je crains qu’il ne le fasse pas, car, si je l’ai bien compris, c’est un homme qui pense surtout à lui-même, et ensuite seulement à la patrie. Or, la patrie réclame une volonté de servir qui soit à ce point pure et d’une abnégation absolue, que toute pensée d’un gain personnel ternit l’âme et paralyse toute l’action ». Tels sont les hommes qu’il faut chercher. En est-il encore aujourd’hui ? (avril 1995, moine Nikita)